Kim est l'un des plus grand morceau d'Eminem, puissant et incisif, choquant, c'est le film d'horreur de la musique, mais qui n'en reste pas moins une chanson d'amour.
"Baby you're so precious, daddy's so proud of you."
Ce sont de belles clochettes qui débutent la chanson et nous ramènent en enfance, une berceuse pleine d'amour qui va brutalement se stopper pour passer au côté sombre, les clochettes laissent place au piano dramatique, aux boums qui annoncent les coups. "Sit down bitch ! You move again, I'll beat the shit out of you !"
Marshall crie, Kim hurle d'une douleur pour le moment psychologique, s'en est déjà trop, aussi bien pour elle que pour nous, il le sait. "Am I to loud for you ?"
Le couple va mal, le premier couplet nous expose au problème : Kim l'a trompé avec un autre. Petit à petit on rentre dans sa tête, c'est une grosse dispute comme beaucoup en ont peut-être connu, on comprend toute sa détresse, sa remise en question : est-il plus beau ? plus fort ? va-t-il me remplacer ? prendre ce qui m'appartient ?
"This couch, this TV, this whole house is mine !"
Mais ce qui est pour l'instant qu'une engueulade va vite se transformer en cauchemar…
"We'll be right back, well, I will, you'll be in the trunk."
Ici tout se complique, le deuxième couplet est plus large et permet de mieux comprendre les enjeux. On se retrouve en voiture, il est soul et énervé.
Là où le morceau devient intéressant c'est que, contrairement au premier couplet qui décrit une situation violente à sens unique (Kim est la seule fautive), le second est différent, Marshall admet des erreurs, quoi que… il n'avait que 18 ans après tout… : "Never knew me cheatin' on you would come back to haunt me".
("I love you")
Pas à pas, mot par mot, Eminem nous ancre un peu plus dans la réalité et c'est là le grand point fort de la chanson, l'impression que tout est réel, qu'il l'a vraiment vécu, ça devient au fil des paroles de plus en plus effrayant, voir insoutenable pour l'auditeur tant la progression est violente. Les éléments extérieurs viennent perturber les paroles, les imprévus qui ne feront qu'accentuer la colère.
"Change the station I hate this song !"
La conduite est approximative, un camion klaxonne : "Fuck you asshole ! Yeah, bite me !"
C'est également ici que l'on voit certain élément ambigu faire leurs apparitions, des "personnages" qui n'ont jamais vraiment été évoqué dans la vie d'Eminem, le petit garçon notamment, surement celui du copain de Kim : "There's a four year old boy lyin' dead with a slit throat in your living room !"
"ah ah"
Ahah…
"You did it, it's your fault !"
La voiture s'arrête, Marshall la force à descendre, elle crie, plus qu'avant, lui aussi, il devient complètement fou, se rappelle de bons souvenir pour continuer à créer le doute, cette soirée chez Brian : "That was funny, wasn't it ?". Surement…
"Come on, get out !"
("I can't, I'm scared !")
La douleur devient physique, mais elle tente de fuir, c'est une lueur d'espoir pour elle, pour l'auditeur, mais non, il la traque, la rattrape. A ce moment on se sent dans sa peau, écouter Kim c'est comme voir Halloween en vue subjective à la place de Michael Myers, se sentir impuissant face au sort qu'il réserve à celle qu'il aime et sans laquelle il ne pourrait vivre. Mais elle est essoufflée, choquée, elle saigne et désormais, son sang coule le long de sa gorge…
"… oh my god I love you !"