Here Are My Roots.

Le valeureux et fier mandingue arraché à son village, sa famille et ses valeurs ; L’Africain enlevé alors qu’il cherchait dans la forêt un tronc pour son tambour ; Kunta Kinté, l’ancêtre vénéré d’Alex Haley et héros de son roman Roots de 1976 fait l’objet d’un morceau de Kendrick Lamar.

À la manière du roman dont il s’inspire, Kendrick honore dans "King Kunta" ses "racines" ou du moins, de grandes figures afro-américaines et celles qui ont poser les bases de sa musique. Sur un sample de Mausberg, "Get Nekkid", morceau posthume de 2000, il emprunte des vers à James Brown, Michael Jackson, Ahmad, Parliament et Jay Z. Le clip du morceau reprend des plans de "Still" by Dr. Dre et "California Love" de 2Pac (deux morceaux parmi les plus emblématiques du Gangta Rap) et insert les portraits de Malcolm X, Martin Luther King Jr. et Barack Obama. Parmi les bars de Kendrick se trouve sûrement la plus subtile utilisation de "yams", ou « igname », une légume à la connotation d’essence de la diaspora africaine qui puise sa puissance identitaire dans les romans Invisible Man de Ralph Ellison (1952) et Things Fall Apart de Chinua Achebe (1958), inspirant d’ailleurs à The Roots son album du même nom en 1999.

Tout ça in one f****** song.

Son enfance dans le quartier de Compton (L.A.) à l’instar de ses grands frères d’N.W.A. et ce choix de mots, d’influences, de cause, sans compter sa renommée internationale, font probablement de Kendrick Lamar le plus grand espoir du rap engagé pour la décennie à venir.

On peut croire le rap en déclin, sa vocation s’abaisser aux violences sans fondement et autres chansons d’amour mais Kendrick a définitivement repris le flambeau d’un rap parfaitement conscient, enraciné au plus profond des origines de sa musique.