Accompagner les mourants, voilà ce qui nous est interdit en ces temps de crise. Les victimes meurent seules. Brassens, pourtant, indiquait la voie à suivre dans cette très belle chanson : offrir un dernier cadeau, réconforter autant que faire se peut ceux qui doivent y passer. Il en profite pour opposer la musique, l'alcool et le sexe à différents éléments de la religion chrétienne. Le texte est amusant, c'est une ode à la vie, à la jouissance, aux petits plaisirs, à la liberté, face au poids de l'autorité et de la tradition.
Brassens nous rappelle des choses simples, dont certaines que nous acceptons de sacrifier au nom de la lutte contre le virus. Certes, il est de notre devoir à tous de nous efforcer de lutter contre la propagation de ce virus mais doit-on pour autant supprimer des gestes, une présence qui sont absolument primordiaux ? Comment peut-on laisser des gens mourir seuls ? Comment peut-on interdire à des personnes d'accompagner leurs proches ? N'y a-t-il vraiment aucune solution ? Ne sommes-nous pas en train de perdre la tête ?
Nos sociétés refusent de voir la mort en face, il faut cacher les morts, il faut les empêcher à tout prix, "quoi qu'il en coûte". Sommes-nous prêts à sacrifier nos libertés et notre humanité pour cela ? Au passage, voici un entretien très intéressant avec Alain Damasio, qui aborde certaines de ces questions.
Réécoutons donc Brassens et n'oublions pas, "en guise de viatique", d'offrir à nos mourants, au choix : "une ultime audition", "une ultime libation" ou "une ultime érection".
La chanson est ici : https://www.youtube.com/watch?v=tS2kpqPlGEo