On associe souvent cette chanson à "la marguerite" que Brassens avait créée en 1962. Brassens y abordait les sujets de l'apparence, du qu'en dira-t-on, de la vie privée du curé, que sais-je encore …
Là, Brassens est dans un tout autre registre. C'est la chanson du fantasme absolu de l'homme devant la religieuse en cornette dont on n'aperçoit qu'un (petit) bout de minois.
Le fantasme où tous les chemins se rejoignent dans le Mal, où toutes les pensées convergent vers l'Impur :
Si le chrétien succombe à son charme insidieux
Le païen le plus sûr, l'athée le plus honnête
Se laisseraient aller parfois à croire en Dieu
On n'est plus du tout dans le monde de l'apparence, de ce qu'il est recommandé de paraître. On est dans le monde de l'imagination "et si" que Brassens évoque en égrenant des "Il parait"
Il paraît que, dessous son gros habit de bure
Elle porte coquettement des bas de soie
Festons, frivolités, fanfreluches, guipures
C'est délicieux même si (ou justement, à cause) il y a quelque œuvre satanique là-dessous.
Enfin tout ce qu'il faut pour que le diable y soit
Et le fantasme ne cesse de croître et de monter en puissance dans la chanson où les enfants de chœur fiévreux, rougissant et transpirant sont aux premières loges. Ces derniers, au moins, contrairement aux hommes concupiscents, imaginatifs et obsédés, ont leur innocence pour eux.
Jusqu'à ce que Brassens siffle la fin de la récréation
Tout ça, c'est des faux bruits, des ragots, des sornettes
De basses calomnies par Satan répandues
J'adore cette chanson pour son rythme languissant, pour les nombreux jeux de mots et expressions à double-sens, apportant une lecture plus que sensuelle, disons, franchement polissonne. Même les dénégations de Brassens à la fin de la chanson, destinées à faire redescendre la pression, me laissent toujours sur mon petit nuage où j'aime poursuivre mon petit fantasme.
Il paraît qu'à minuit, bonne mère, c'est pire
On entend se mêler, dans d'étranges accords
La voix énamourée des anges qui soupirent
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Créée
le 22 juil. 2024
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