Cette chanson de Brassens, peu connue, date de 1964 et a heurté, même à cette époque soit vingt ans après la Libération, pas mal de personnes, partisanes d'une justice populaire exercée directement. À l'image des lynchages ou des pendaisons expéditives en d'autre lieux.
Personnellement, cette chanson m'a toujours interpellé, comme le livre "Uranus" de Marcel Aymé (entre autres) sur le manque de discernement, la lâcheté d'une foule, sur ces résistants de la dernière heure, forts de la victoire ou désireux d'en croquer, qui se rattrapent lâchement avec ce qu'on a sous la main.
Brassens reconnait que, devant le spectacle immonde de l'humiliation publique d'une femme, il "n'a pas bougé du fond de sa torpeur" tout simplement par peur de ces "coupeurs de cheveux en quatre", comme bien des gens, probablement. C'est à mettre à son actif que d'avouer avoir assisté à ça et de n'avoir rien osé dire.
S'il fallait extrapoler les termes de cette chanson à travers le dégout de Brassens pour ces opérations de lynchage mais aussi pour son peu d'appétence pour la gloriole, on pourrait dire que le pacifisme de Brassens va jusqu'à relativiser l'importance de la nationalité et en particulier des relations qui ont pu se nouer entre allemands et françaises. À l'image de ces "imbéciles heureux qui sont nés quelque part".
https://www.youtube.com/watch?v=mMh4Wi4VziI