"Ils n'ont plus rien à se maudire."
Première phrase, premier uppercut dans mon pauvre visage qui n'avait rien demandé. Ne peut-on pas entendre : "ils n'ont plus rien à se maux dire?" ou " Ils n'ont plus rien à se mots dire?"
Tout le texte est organique, physique, enfiévré.
"Ils se perforent en silence". Là encore, métaphore qui peut être interprétée de deux manières différentes, celle, charnelle, qu'évoque la perforation, celle de l'affrontement.
La mélodie, l'orchestre, et Brel, tous se lancent dans une ronde infinie, un rythme de roue qui s'enraille, lent, lent, et qui accélère, accélère...Pour mieux ralentir et recommencer...
Le lent pour le présent, les déchirements qui s'étalent sans fin. L'Amour qui retient, qui rend prisonnier, l'Amour qui se transforme en habitude.
L'accélération pour l'évocation de ces "amoureux qu('il) aimait décrire."
Il y a dans ces lenteurs de l'impuissance, celle de ne pouvoir raviver la flamme, la flamme qui brûlait quand "il lui récitait Hamlet, nu comme un vers et en Allemand!".
Les images sont magnifiques, des derviches tourneurs qui voient la cuisine pleurer des sandwichs, les sonneries viennent ébrécher des soirées où l'on imagine des assiettes voler.
Le tableau est noir, très noir, déchirant.
"Mais nous, ma belle... Comment vas tu? Comment vas tu?"
Dernière phrase, je suis vaincue par KO technique.