Une belle chanson dont le texte est particulièrement travaillé. Le poème de Brassens est d'abord en alexandrins (pas si courant chez lui) et bâti avec force jeux de mots et métaphores.
Ensuite du point de vue formel, c'est une vraie leçon de grammaire sur l'emploi et l'alternance des temps : le passé simple et l'imparfait, le présent et le futur …
Et tout ça a bien du sens puisqu'on parle ici d'une rupture amoureuse qui eût lieu un 22 septembre. Brassens se désespérait et entretenait la flamme des regrets à chaque anniversaire. Jusqu'à aujourd'hui où le poète se reprend en main et dont le futur n'est pas encore écrit.
"Le 22 septembre, aujourd'hui, je m'en fous"
Bien sûr, le 22 septembre, c'est aussi le premier jour de l'automne qui signe la perte d'un bonheur passé, né au printemps, mûri en été et mort à l'automne. Mais le temps est une formidable machine à générer l'oubli. Ce qui meurt à l'automne est appelé à renaître au printemps suivant.
J'aime beaucoup le dernier vers de la chanson où Brassens, plein d'ambiguïtés apparentes, semble brusquement se rétracter :
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous
Alors qu'il n'exprime qu'une certaine désinvolture assumée de sa décision, gage ironique d'un bonheur maintenant possible.
https://www.youtube.com/watch?v=zPDJQYq9y0E