La chanson parut en 1954. Et une strophe fut censurée à l'époque.
Brassens moraliste ? Sûrement pas, puisque si on écoute la chanson, le repentir n'est qu'une lâcheté (une infâmie) de plus …
Brassens maquereau ? C'est au premier degré l'impression que donne la chanson puisqu'il la chante à la première personne. Et les détails (croustillants) qu'il donne montrent une culture certaine sur la question de la prostitution. On sait, bien entendu, qu'il n'en est rien. Bien au contraire.
Il faut voir le "je" comme une volonté de Brassens de s'impliquer personnellement dans cette dénonciation de cette réalité horrible et discrètement cachée aux yeux du public de la marchandisation de certaines femmes. On retrouve cette façon de faire dans bien d'autres chansons (la guerre de 14-18, par exemple)
Au début, il est presque compatissant, puis de bon conseil avant de prendre les choses en main …
On s'aida mutuellement
Comme dit l'poète
Elle était l'corps, naturellement
Puis moi la tête
Jusqu'au moment où, dans la strophe censurée que je livre ci-après, Brassens dévoile la vraie nature du maquereau pur et dur, misogyne et violent.
Quand la pauvrette à la maison
Rentrait bredouille,
Je lui flanquais plus qu'de raison,
Des ratatouilles
Lui souviendrait-il encor du
Bidet d'hygiène
Avec lequel j'avais fendu
Sa boite crânienne
La chanson est d'une redoutable efficacité sur le message non équivoque que veut délivrer Brassens ; le ton enjoué, voire même poétique, les rimes coquines ne sont là que pour stigmatiser un état bien connu dans la société et parfaitement admis. L'homme, au sens masculin, ne voit jamais que le bon côté, celui, égrillard, du plaisir et du sexe, qui rend les choses, ma foi croustillantes et feint d'ignorer l'envers du décor.
Bien sûr, on sourit aux allusions du quartier de la Madeleine, de ce qu'on enseigne à la Sorbonne, des ficelles du métier pour attirer le client. Brassens se charge de la douche froide.
https://www.youtube.com/watch?v=IhqKkWJXOu0