Voici une chanson sortie en 1960 très belle et très dure.
Brassens prend à contre-pied le père Noel qui fait tant rêver les enfants en leur apportant des jouets et du bonheur. On y croit tous au Père Noel (même moi, aujourd'hui, c'est dire …)
Mais "on" y croit tous, oui, mais dans un monde de générosité, de fraternité, sans contrepartie.
Dans le monde de Brassens, c'est pas pareil.
D'abord, le Père Noel ne vient pas de Laponie mais d'Eldorado. Là, où il y a tellement d'or qu'il n'a plus guère de valeur.
Avec sa hotte sur le dos
Il s'en venait d'Eldorado
Brassens nous parle d'un Père Noel et d'une petite fille. Mais on pourrait tout aussi bien dire un homme riche et généreux et une fille pauvre. Quoi de mieux qu'un Père Noel qui apporte du pain sur la planche à une fille pauvre et sans travail !
Et Brassens annonce la couleur dès le sixième vers :
Il a mis du pain sur ta planche
Il a mis les mains sur tes hanches
J'aime beaucoup l'absence de vulgarité ou la poésie des mots de Brassens pour signifier qu'on est bien dans un terrible donnant-donnant. Je te donne du travail et tu es à moi. J'aime la tendresse respectueuse mais sans équivoque de Brassens pour la fille, ne parlant que des hanches …
Il a mis du grain dans ta grange
Il a mis les mains sur tes hanches
Ou encore
Il a mis de l'or à ta branche
Il a mis les mains sur tes hanches
Là, les allusions au travail si enrichissant sont encore plus nettes (presque sexuelles). Sans oublier que toutes les nourritures du monde, tout l'or du monde, tous les manteaux d'hermine ne sont rien sans la liberté.
Le joli temps des coudées franches
On a mis les mains sur tes hanches
https://www.youtube.com/watch?v=ZLSxG8whQLU