Left to Wander
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Left to Wander

Morceau de Neurosis (2004)

La fureur aveugle de la tempête se dissout progressivement dans un mouvement qui n'a réussi qu'à emporter son propre déchaînement, ignoré et vain. La voix erre alors dans les ruines amères et lucides d'une colère fatiguée, étouffée de lassitude écœurée. Puis, elle se reprend.
Je ne me tairai pas, jamais ma rage ne s'éteindra, car c'est tout ce que je suis, tout ce que j'aie, et même si c'est pour la baver dans les larmes ou la souffler dans l'épuisement, même si je n'atteindrai que ton indifférence, mon corps sera toujours secoué par la même invective, le même "vois!", et s'il faut que je le brutalise lui aussi, s'il faut que je violente sa fatigue et que j'enrage par soubresauts, je le ferai, en te fixant de mon indignation massacrée qui concentrera toute la vie qu'il me reste.
La colère reprend donc, lourde et lucide, imposante d'une douleur qui se dépasse, d'un épuisement qui se soulève, et d'un désespoir qui n'arrête rien. La voix s'érige alors, véritable colosse, et de toute la puissance gutturale d'un corps et d'une rage qui se ramassent, fait tonner puissamment une haine immense qui fait trembler les cieux, retombe, et éclate une nouvelle fois.
Galvanisée, la tempête reprend. Grimaçant autant dans la haine que dans la morsure, terrible, de plaies qui saignent sous l'effort, elle s'arc-boute, pèse grossièrement, tragiquement, car c'est tout ce que permet un épuisement qui ne se permet pas par désespoir.
Dompté, le corps s'abandonne et finalement meurt à cet intraitable puissance meurtrière qui n'abandonnera pas, capable de se consumer elle-même, sa douleur, son désespoir, car c'est dans la résignation qu'est la véritable défaite et la plus horrible des morts.

http://www.youtube.com/watch?v=8iZZlYSlMeo
Rae
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le 20 nov. 2013

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Rae

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