Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
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J’aime cette chanson, même si je suis bien incapable d’expliquer pourquoi.
La voix d’abord. Fragile, pointue, trainante, unique en son genre car travaillée en studio, et immédiatement identifiable. Ma mémoire l’associe à une frêle silhouette de dandy. Le visage a changé, la moustache est apparue, les cheveux se sont allongés, les traits se sont accusés avec les années, nous avons vieilli ensemble.
Toutes de mélancolie retenue, de solitude affirmée, la mélodie et la cadence stricte sont datées, très proches d’un succès du moment, Les neiges du Kilimandjaro de Pascal Danel (1966).
Écrites en une seule nuit de juillet 1965, lors d’une crise de claustrophobie, les paroles sont d’une rare simplicité. Quatre quatrains de décasyllabes boiteux, car tributaires des pauses et des diphtongues finales.
« Moi je construis des marionnettes
Avec de la ficelle et du papier
Elles sont jolies les mignonnettes
Je vais, je vais vous les présenter »
Christophe associe le souvenir de sa mère couturière au travail du poète qui, à l’aide d’un crayon et de papier, crée ses mignonnettes. Alexa cette pauvrette, Aline, La Petite fille du soleil ou Daisy... J’admire cette capacité à poser un personnage en quelques mots.
« L'une d'entre elles est la plus belle
Elle sait bien dire papa maman
Quant à son frère il peut prédire
Pour demain la pluie ou bien le beau temps »
Pour finir, un autre quatrain, d’un maître du genre :
« Le sort de la bougie est de brûler.
Quand monte l’ultime volute de fumée,
Elle lance une invite en guise d’adieu :
Entre deux feux, sois celui qui éclaire »
François Cheng
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le 17 avr. 2020
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