...un ressac et un peu de vent salé suffisent pour dériver du Silkie à Me zo ganet,
le poème de Yann Ber Kalloc'h :
-
( breton d'abord, français dessous : )
-
Me zo ganet e-kreiz ar mor
Teir leo er-maez ;
Un tiig gwenn du-hont am eus,
Ar banal 'gresk e-tal an nor
Hag al lann a c'hol' an avaez.
Me zo ganet e-kreiz ar mor
E bro Arvor.
-
Ma zad a oa 'el e dadoù,
Ur martolod ;
Bevet en deus kuzh ha diglod
- Ar paour ne gan den e glodoù -
Bemdez-bemnoz àr ar mor blot.
Ma zad a oa 'el e dadoù
Stlejour rouedoù.
-
Ma mamm ivez a labour(a)
- Ha gwenn he bleo -
Ganti ar c'hwez àr hon taloù,
Desket em eus, bihanik tra,
Medi ha tenni avaloù.
Ma mamm ivez a labour(a)
D'ounit bara.
-
O deizioù mam bugaleerezh
Pand aen, dilu(i)
Gant mamm da redek an irvi
Pe gant ma zad d'ar beskerezh
Men ez oc'h-c'hwi ?
O deizioù mam bugaleerezh
Na dous e oac'h!
-
C'hwec'h 'oamp neuze, santez Mari,
Ar-dro d'an daol;
Yac'h ha laouen e vevemp holl.
Da Zoue ha deoc'h e tougemp bri.
Bremah ema kemmet an taol.
C'hwec'h 'oamp neuze, santez Mari :
N'omp mui 'met tri...
-
Ar Maro àr an nor 'n deus stoket,
Deuet eo a-barzh :
Hon eurvad zo aet kuit 'n un arc'h
Er vered parrez da gousket...
Hag ennon e c'hanas ur barzh.
Ar Maro àr an nor 'n deus stoket...
Ne ouelin ket!
-
Ne ouelin ket! Re 'm eus gouelet
Neuze, siwazh!
Ha c'hoant em behe d'ober c'hoazh,
D'ar glac'har zo tro da'm oaled!
Met ret eo bout kreñv e'it arc'hoazh.
Ne ouelin ket! Re 'm eus gouelet :
Eurioù kollet.
-
Daroù a zic'hoanag divent
Em eus taolet
En devezhioù-hont ken kalet;
Ra viot benniget 'elkent,
Rak roet ho peus din ar Gweled!
Daeroù a zic'hoanag divent
Ma amzer gent!...
-
Ha bremañ petra 'lârin-me,
Pa oarit holl?
Ma eurvad douarel aet da goll,
Bet on er c'hloerdi, en arme,
Baleet 'm eus e-dan Ho Heol.
Ha bremañ petra 'lârin-me
Dirak man Doue ?
-
Petra 'lârin Deoc'h, o Doue strizh,
Mor madelezh ?
Ar baourentez zo c'hwerv he laezh;
Ar bleuñv disec'het 'c'houlenn gwlizh;
An douar-mañ zo lous he follezh.
Petra 'lârin Deoc'h, o Doue strizh,
'Met ez on skuizh !
-
Deuet on davedoc'h arselin;
Doc'h Hoc'h aoter
E klaskan dibun ma fater :
Sklaerderait-me hag e welin,
Komzit, ma tañvain Ho touster.
Deuet on davedoc'h arselin
Ar man daoulin...
-
-
Je suis né au milieu de la mer
trois lieues au large ;
j’ai une petite maison blanche là-bas,
le genêt pousse près de la porte
et la lande couvre les alentours.
Je suis né au milieu de la mer,
en pays d’Armor.
-
Mon père était comme ses pères,
un matelot ;
il a vécu obscur, sans gloire
- Le pauvre, personne ne chante ses gloires -
chaque jour, chaque nuit sur la mer molle.
Mon père était comme ses pères,
traîneur de filets.
-
Ma mère aussi travaille,
- et ses cheveux sont blancs -
avec elle la sueur sur nos fronts,
j’ai appris, tout petit,
à moissonner, à déterrer les pommes de terre.
Ma mère aussi travaille
pour gagner le pain.
-
Ô jours de mon enfance
quand j’allais, alerte
avec ma mère courir les sillons
ou avec mon père à la pêche
où êtes-vous ?
Ô jours de mon enfance
que vous étiez doux !
-
Nous étions six alors, Sainte Marie,
autour de la table ;
en bonne santé et joyeux nous vivions tous.
Nous rendions grâce à Dieu et à Vous.
Maintenant tout cela est changé.
Nous étions six alors, Sainte Marie :
nous ne sommes plus que trois...
-
La mort a frappé à la porte,
elle est entrée :
notre bonheur est parti dans un cercueil
dormir au cimetière de la paroisse…
et en moi un barde s'est éveillé.
La mort a frappé à la porte…
je ne pleurerai pas !
-
Je ne pleurerai pas ! J’ai trop pleuré
alors, hélas !
Et j’aurais envie de le faire encore,
tellement il y a de malheur autour de mon foyer !
Mais il faut être fort pour demain.
Je ne pleurerai pas ! J’ai trop pleuré :
heures perdues.
-
Larmes de désespoir immense
que j’ai versées
au cours de ces jours-là si durs ;
soyez bénies tout de même,
car vous m’avez donné la Vue !
Larmes de désespoir immense
de mon passé !…
-
…Et maintenant que dirai-je,
puisque Vous savez tout ?
Mon bonheur terrestre perdu,
j'ai été au séminaire, à l’armée,
J’ai voyagé sous Votre soleil.
Et maintenant que dirai-je,
devant mon dieu ?
-
Que Vous dirai-je, ô Dieu juste,
océan de bonté ?
Le lait de la pauvreté est amer ;
les fleurs desséchées demandent de la rosée ;
Cette terre est folle et salie.
Que Vous dirai-je, ô Dieu juste,
sauf que je suis fatigué !
-
Je suis venu vers Vous dans le soir ;
au pied de Votre autel,
j’essaie de dévider ma prière :
éclairez-moi, et je verrai,
parlez, que je goûte Votre douceur.
Je suis venu vers Vous dans le soir,
à deux genoux…