"Misogynie à part, le sage avait raison / Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison / En foule elles se pressent / Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées / Et puis, très nettement au-dessus du panier / Y a les emmerderesses" - Georges Brassens, Misogynie à part
OK… Après avoir joué à la grande moralisatrice dans sa première chanson « Je veux » (voir ma critique : http://www.senscritique.com/album/Zaz/critique/9681100) et nous avoir bien expliqué que nous ne sommes rien d’autre qu’un tas d’égoïstes plein de préjugés et de clichés, Zaz la donneuse de leçons revient avec « On ira », toujours plus en forme…
Quand j’étais au lycée (ça date un peu maintenant (oh putain c’était il y a plus de dix ans (je deviens vieux (qui a dit « vieux con » ?)))), un prof de français nous disait que chaque texte pouvait être soumis à mille interprétations différentes, et que chaque personne avait un ressenti qui pouvait différer de celui du voisin, et que ce n’était pas grave d’être d’un avis différent de celui du prof pour une dissert, à condition que c’était argumenté.. Je me souviens surtout qu’il avait dit « vous avez le droit d’être de mauvaise foi, tant que vous assumez… »
…
CHALLENGE ACCEPTED !!!!
« On ira écouter Harlem au coin de Manhattan »
J’espère qu’elle veut écouter le quartier de Harlem, et pas le Star Academycien… Tu me diras, musicalement parlant, je comprends que ça soit une référence pour Zaz…
« On ira rougir le thé dans les souks à Amman »
On ne « rougit » pas le thé. On peut éventuellement boire un thé rouge, mais le thé rouge ne pousse qu’en Afrique du Sud, et donc très loin d’Amman… #coursdegéo
« On ira nager dans le lit du fleuve Sénégal »
A la limite, si elle et ses fans rencontraient quelques crocodiles ou autres varans, je ne m’opposerais pas à cette baignade…
« Et on verra brûler Bombay sous un feu de Bengale »
Bombay, genre la ville en Inde qui subit un grave incendie tous les 2 ans environ, avec plein de morts et de gens qui se retrovuent à la rue ? Très classe de remettre ça sur le tapis et d’avoir envie de voir « brûler Bombay »…
« On ira gratter le ciel en dessous de Kyoto »
Avec tous ses trajets partout dans le monde, je ne suis pas certain que cette chanson ait un très bon bilan carbone…
« On ira sentir Rio battre au cœur de Janeiro »
Jeu de mot pourri, on parle de « Rio de Janeiro », mais « Janeiro » ce n’est pas une région sud-américaine… #coursdegéoleretour
« On lèvera nos yeux sur le plafond de la chapelle Sixtine »
Peut-être la seule phrase non bashable de la chanson…
« Et on lèvera nos verres dans le café Pouchkine »
Le Café Pouchkine, c’est pas devenu un restaurant de luxe à Moscou ? Alors, le Ritz, Mademoiselle Zaz n’en veut pas, mais si c’est l’équivalent de chez Maxim’s et si c’est à Moscou, ah ouais, là ça peut le faire ! #hypocrisie
« Oh qu'elle est belle notre chance
Aux mille couleurs de l'être humain
Mélangées de nos différences
A la croisée des destins »
Zaz, pour moi (jugement purement personnel), elle me rappelle franchement quelques personnes que j’ai connues quand j’étais étudiant. Vous savez, les étudiants un peu roots un peu bobo, qui vivent au crochet de papa-maman dans des apparts du centre-ville hyper cher, qui n’achètent jamais de clopes mais qui t’en taxent toutes les cinq minutes… Le genre de personnes qui te disent « ouais, on est tous différents mais tous égaux, on est tous frères, on est tous des humains, c’est ça la richesse de notre humanité »… C’est marrant, je me souviens d’un festival de musique où les bobo-roots tenaient ce genre de discours, mais restaient entre eux et s’éloignaient dès qu’un métalleux s’approchait d’eux… J’ai toujours du mal avec les gens qui se disent tolérants, mais qui n’acceptent de parler qu’avec les gens qui ont les mêmes opinions qu’eux (les autres, c’est soit « des fachos », soit « des gens qui n’ont pas compris le vrai sens de la vie »)…
« Vous êtes les étoiles nous sommes l'univers
Vous êtes un grain de sable nous sommes le désert
Vous êtes mille pages et moi je suis la plume
Oh oh oh oh oh oh oh »
Ah, on en arrive au refrain bien moralisateur. Il faut bien différencier le « vous » = l’humanité en général, remplie de méchants individualistes, « nous » = le public de Zaz, où tout le monde se tient la main et on est tous copains, et « moi » = Zaz et son gros égo de pseudo-rebelle moralisatrice… Ce qui ressort de ce refrain, c’est que le « Nous » est mieux que le « Vous », et que le « Je » est mieux que le « vous »… Zaz « La Plume », elle annonce la couleur, elle est là pour marquer l’esprit des « mille pages »…
« Vous êtes l'horizon et nous sommes la mer
Vous êtes les saisons et nous sommes la terre
Vous êtes le rivage et moi je suis l'écume
Oh oh oh oh oh oh oh »
Zaz est l’écume… Oui oui, elle se fait bien mousser…
On dira que le poètes n'ont pas de drapeaux
#cliché
On fera des jours de fête autant qu'on a de héros
#cliché
On saura que les enfants sont les gardiens de l'âme
#grosgroscliché
Et qu'il y a des reines autant qu'il y a de femmes
#grosgrosclichétellementuséjusqu’àlacorde
On dira que les rencontres font les plus beaux voyages
#blablabla
On verra qu'on ne mérite que ce qui se partage
#démagogiemonamour
On entendra chanter des musiques d’ailleurs
#blablablajemangedelacrotte
Et l'on saura donner ce que l'on a de meilleur
#moralisationàoutrance
En conclusion... Encore une chanson qui me donne l'impression que Zaz se la pète, qu'elle se prend pour une grande donneuse de leçons...
Comme le disait Brassens : "Elle m'emmerde, vous dis-je !"