C'était bien dans mes objectifs (lointains mais sûrs …) de faire un commentaire sur ce magnifique Lied de Richard Strauss qui était le premier élément de l'opus 27, les "quatre Lieder", destinés en 1894 à la corbeille de mariage de sa fiancée Pauline de Ahna (dont "Morgen" était le dernier) … Mais, après mon billet sur "Morgen", mon éclaireur Maximus m'a suggéré l'idée de continuer par "Ruhe, meine Seele" … Et il n'en fallait pas beaucoup plus pour que je succombe à la tentation.
Le poème est de Karl Friedrich Henckell. Il est tout en introspection. Une tempête sous un crâne avec de fréquents appels à la raison pour maîtriser le risque d'emballement.
Ruhe, ruhe, meine Seele
(Repose-toi, repose-toi, mon âme)
Mais à peine, le conseil donné, voilà que le tourment réapparait avec force avec un point critique du piano ou de l'orchestre sur le mot "wild" (sauvage, violent, fou).
Deine Stürme gingen wild
Avant de terminer la chanson dans l'apaisement
Und vergiss, was dich bedroht
(Et oublie ce qui te menace)
En 1894, Richard Strauss avait créé le morceau pour piano et voix uniquement. Ce n'est qu'en 1948, après avoir élaboré "Abendrot" des "Quatre derniers Lieder", que Strauss a orchestré "Ruhe, meine Seele".
On trouve donc deux sortes d'interprétations de ce Lied dont en particulier :
Sous forme orchestrale, Elisabeth Schwarzkopf (George Szell en 1969) ou Jessye Norman (Kurt Masur – 1983)
Avec accompagnement au piano, Elisabeth Schwarzkopf (Gerald Moore 1964), Renée Fleming (Jean-Yves Thibaudet – 2001)
Je me suis arrêté là, car toutes ces interprétations sont déjà superbes, prêtes à me transporter. Difficile de trancher. Je garde toujours un faible pour la version George Szell/Schwarzkopf parce que j'ai ce CD depuis si longtemps et que je ne m'en lasse jamais. Mais j'ai bien aimé l'interprétation de Jessye Norman que je découvre ce jour avec l'orchestre de Kurt Masur, peut-être avec une tonalité un peu plus dramatique, plus explicite que celle de Szell, plus intériorisée.
Et puis, le Lied avec juste un accompagnement au piano, c'est peut-être là, de mon point de vue, qu'on met le mieux en valeur la voix de la cantatrice puisqu'elle est toute seule face au piano …
Au-delà de l'incontournable Schwarzkopf, j'ai vraiment bien aimé l'interprétation toute en tension de Renée Fleming que je découvre aussi. Ce sera celle-ci que je retiens pour mon pensum.
https://www.youtube.com/watch?v=C81fK9Bc9KY