Je cherchais une chanson qui contienne le prénom Sally - oui, chacun ses lubies - quand je suis tombée sur celle-ci. Je ne connaissais pas les Stone Roses outre leur pochette d'album par Jackson Pollock, quelque part dans la cd-thèque paternelle.
Malgré son instrumentation en apparence très simple, "Sally Cinnamon" regorge de petites subtilités. Le principe d'un riff de départ, bien que très pop, devient un peu étrange ici, car presque grinçant. De même la voix de Ian Brown, qui, avouons-le, n'est pas très mélodique, et tient presque davantage de la psalmodie que du chant, trouve sa place dans cet univers.
Un univers que j'imagine plutôt gris, dans une banlieue londonienne. Un jour de pluie, peut-être, comme aujourd'hui, une pluie fine qui laisse voir le ciel. C'est la musique qui me le fait imaginer ainsi, car les paroles, elles, sont colorées, enthousiastes, amoureuses.
Car cette chanson est une déclaration d'amour, envers cette Sally Cinnamon dont on ignore tout, si ce n'est qu'elle a toutes les qualités que ceux qui aiment trouvent à ceux qu'ils aiment. Cette déclaration est portée par un pronom "je" dont on ignore tout. Qui est-il ? Où est-il ? Et Sally ? Les réponses nous sont données dans la dernière strophe. Le chanteur lisait une lettre, dérobée au hasard des rencontres du train, puis remise en place. A qui appartenait cette lettre ? A une femme. "You're her world", affirment à Sally The Stone Roses.
Outre la chute finale - j'adore ce genre de retournement, le texte nous démontre, par sa construction seule, le fait que tout amour est beau.
Je ne m'étends pas davantage, j'ai déjà peur d'avoir gâché ce morceau par une explication maladroite. Sachez simplement, pour entériner le pénultième paragraphe de cette critique, que j'aime aussi parfois à imaginer - histoire de pousser le texte dans ses retranchements - que c'est une lettre d'amour d'une mère à sa fille. Je sais que là n'étaient pas les intentions de l'auteur, mais pourquoi pas, après tout ?