* Georges MOUSTAKI : "Sarah" (La femme qui est dans mon lit) :
PRÉLUDE:
"Si vous la rencontrez bizarrement parée
Traînant dans le ruisseau un talon déchaussé
Et la tête et l'œil bas comme un pigeon blessé
Monsieur, ne crachez pas de juron ni d'ordure
Au visage fardé de cette pauvre impure
Que déesse famine a par un soir d'hiver
Contraint à relever ses jupons en plein air
Cette bohème-là, c'est mon bien, ma richesse
Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse..."
(Charles Baudelaire)
"La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Les yeux cernés
Par les années
Par les amours
Au jour le jour
La bouche usée
Par les baisers
Trop souvent, mais...
Trop mal donnés
Le teint blafard
Malgré le fard
Plus pâle qu'une
Tâche de lune.
La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Les seins si lourds
De trop d'amour
Ne portent pas
Le nom d'appâts
Le corps lassé
Trop caressé
Trop souvent, mais...
Trop mal aimé
Le dos voûté
Semble porter
Des souvenirs
Qu'elle a dû fuir.
La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Ne riez pas
N'y touchez pas
Gardez vos larmes
Et vos sarcasmes
Lorsque la nuit
Nous réunit
Son corps, ses mains
S'offrent aux miens
Et c'est son cœur
Couvert de pleurs
Et de blessures...
Qui me rassure !"