Existe-t-il une initiation musicale qui ne tirerait pas sa source de l'écoute d'un genre musical, d'un artiste voir d'un album. Parfois, il suffit même d'un titre pour nous procurer une extase presque onirique. "Stairway to Heaven" fait partie de ces morceaux, que dis-je, de ces chefs d'oeuvre, qui nous transportent vers un monde encore inconnu. Je me souviens l'avoir écouté pour la première fois à l'âge de mes 11 ans, lorsque la musique ne signifiait pas grand chose à mes yeux, plus précisément pour mes oreilles. Je me servais jusque-là de la soupe diffusée en masse par nos chères médias pour en faire mon repas musical quotidien. C'est à mon père que je dois tout musicalement. C'est sa passion et son amour pour le rock, en particulier le rock des 60s et 70's qui m'ont fait découvrir Stairway to Heaven.
Je me souviens encore de la sensation d'avoir senti mon coeur arrêter de battre petit à petit, me laissant enivrer par la douceur et la profondeur de la voix de Robert Plant tout en succombant à ce qui devenait pour moi et qui reste encore aujourd'hui le plus grand solo de guitare, provenant bien entendu de ce génie qu'est Jimmy Page. Comment ne pas succomber à cette première partie jouée à la flûte à bec, qui rappellerait les plus belles mélodies celtiques ? Le fait d'écouter encore et toujours cette hymne à la Musique -avec un grand M- n'estompe en rien les frissons que je retire des 7min58 de Stairway to Heaven.
Le terme crescendo tire sûrement sa plus parfaite image dans ce morceaux qui me semble être impossible de ne pas aimer, n'en déplaise à ces gens qui peuvent aller jusqu'à dire qu'en termes de culture, tout se vaut et que seul la perception que l'on se fait doit triompher. Laissons les donc penser qu'une composition de Tchaïkovski vaudrait très bien une de Beethoven et que Patrick Sebastien a légitimement sa place dans cet océan de vacuité qu'est le TOP 50.
Digression faite, revenons à cette musique qui se marierait si bien à l'épitaphe de ma personne. Il est incroyable de voir à quel point la compréhension des paroles de Stairway to Heaven est aussi importante que dispensable dans la symbiose que l'on peut avoir avec cette chanson. A ma première écoute, l'Anglais m'était encore étranger mais il était déjà possible de ressentir la pureté et la beauté des mots et rimes de ces paroles. Le premier couplet suffit à lui seul à justifie ce qui vient d'être dit :
"There's a Lady who's sure all that glitters is gold.
And she's buying a stairway to heaven.
And when she gets there she knows if the stores are all closed,
With a word she can get what she came for. "
Aujourd'hui, les interprétations des paroles de Stairway to Heaven sont diverses, certaines se contredisent même. Car dans tout texte religieux puise sa source une interprétation plus ou moins différente, il en va de même pour cette chanson. Certains voient en elle, l'amour d'un homme pour une femme ayant rejoint le paradis quand d'autres voient même en la femme l'allégorie même du chemin vers le paradis ou la mort. Elle a la force de provenir à la fois du message qu'un(e) artiste ou oeuvre nous envoie et de notre vécu qui en réceptionne ce qui lui est nécessaire afin de se former son interprétation. Il est donc normal que mon avis diverge de ceux les plus connus, certains illuminés allant même jusqu'à prendre Stairway to Heaven comme une incitation masquée vers une matière occultiste...
En écoutant cette chanson, il est incroyable de voir à quel point il est possible de ressentir à la fois une force spirituelle à la limite de la "posthumanité", une force incontrôlable tout en développant une sensibilité quasi inégalable.
Si il reste au goût de chacun de faire de Stairway to Heaven l'une de ses musiques préférées ou non, elle fait partie de ces chansons, tout comme l'est Bohemian Rhapsody, Child in Time, Shine on you Crazy Diamond, qui véhiculent des sensations que l'on n'aurait pu découvrir sans elles. "Stairway to Heaven" restera pour toujours au Panthéon du Rock et de la Musique en général, cela ne fait aucun doute.
Ne reste plus qu'à terminer cette critique qui ressemble d'ailleurs plus à une apologie par cette phrase qui restera graver dans nos esprits :
And she's buying a stairway to heaven...