Les hommes et le diable, un fantasme vieux comme le monde et qui trouve l'une de ses plus puissantes évocations au travers du mythe de Faust évidemment, ce savant qui vendit son âme à Méphistophélès en échange du savoir universel. Folkloriques ou non, des légendes du même acabit se répandirent au sujet d'un certain nombre d'artistes du vingtième siècle, suspectés d'avoir fricoté à leur tour avec le Malin en échange de ses bonnes grâces. On racontait que pour la modique somme d'une bonne petite âme bien conciliante, le génie musical et la réussite matérielle pouvaient par exemple vous être échus séance tenante. Robert Johnson, Led Zeppelin ou encore Jimi Hendrix furent notamment l'objet de ces rumeurs fantasques.
Mick Jagger et sa bande aussi, alimentèrent ces contes en passant pour de vils adorateurs du diable, ce qui contribua par ailleurs à renforcer leur image de mauvais garçons corrupteurs de la jeunesse dans laquelle ils se complaisaient tant. Et c'est à l'occasion de la lecture du livre de Mikhail Boulgakov : "Le Maître et Marguerite" que l'idée vint germer dans l'esprit du Jagger de composer un titre à la gloire de Lucifer, histoire de ne pas faire mentir leur réputation sulfureuse. Il résulta de cette inspiration pas moins de six minutes d'un samba-rock hypnotique, époustouflant, durant lesquelles un diable plutôt affable, nous fait gentiment l'inventaire de ses méfaits à travers les siècles, rappelant ainsi à tout le monde qui mène la danse depuis le début sur la machine ronde.
Pas de quoi faire changer d'avis les plus acharnés détracteurs du groupe de l'époque en tous cas, bien au contraire. Ceci pour le plus grand plaisir de Mick et sa bande.
Sorti sur l'album Beggars Banquet synonyme de retour aux sources du groupe après une parenthèse psychédélique mi-figue mi-raisin, le morceau démoniaque jouit toujours d'une immense popularité auprès des fans du groupe, ces derniers le nommant même fréquemment comme le meilleur morceau jamais réalisé par les Stones.
Sympathy For The Devil