Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
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La mélodie est sirupeuse et aisée à mémoriser, le contre-chant nous transporte haut dans le ciel avant de redescendre en un brutal piqué au niveau de la piste de danse, le chœur assure le train et le solo se doit d’être très, très puissant. The Lion Sleeps Tonight, c’est du lourd ! Réservé aux solides cordes vocales...
https://www.youtube.com/watch?v=77VUYPVMtWY
Involontairement, nous nous surprenons à reprendre le refrain en ondulant du bassin, vous n’y êtes pour rien, c’est le fruit de décennies de martelage radiophonique, d’Henri Salvador à Pow Woh en passant par les différentes versions du Roi Lion. La comptine a été travaillée dans d’innombrables maternelles, ma fille la chante très bien, pourtant les paroles sont sans ambiguïté : la jungle célèbre la mort du lion, du moins dans la version française, maitre tyrannique et tragique de la savane, seigneur et prédateur ultime...
Plus de rage, plus de carnage
Le lion est mort ce soir
En voilà au moins deux qui ne pleureront pas leur lion. Au risque de paraître pédant, comment expliquer la complaisance des peuples pour leurs despotes, de Louis XIV à Napoléon, de Staline à Mao... cette servitude volontaire chère à La Boétie ? Une telle discussion nous emmènerait trop loin, me permettrez-vous quelques mots sur l’auteur oublié de ce standard dysnéen ?
La chanson a été composée, interprétée et enregistrée par un jeune artiste zoulou, Solomon Popoli Linda, en 1939. Il en céda les droits pour la royale somme de dix shillings. Quelques milliers de 78 tours, le format de l’époque, sont pressés et vendus en Grande Bretagne, un succès dont Linda ne saura pas grand-chose. Après une honnête carrière de crooner local, il mourra dans la pauvreté.
La chanson est « re-découverte » aux États-Unis en 1950 par l'ethnomusicologue Alan Lomax. Il la propose au jeune Pete Seeger, qui sort, avec son groupe les Weavers, une version big band sous le nom Wimoweh. Le succès est immédiat. Hélas, ils sont dénoncés comme communistes en 1952 et réduits au silence.
Depuis, elle a été traduite, réorchestrée, adaptée partout et dans tous les styles. Laissez-vous emporter et réjouissez-vous, le vieux lion est mort ce soir, à moins qu’il ne dorme... Chantez, dansez, flirtez...
Hush my darling don't fear my darling
The lion sleeps tonight
La place est vacante, la savane est en paix, les lionceaux se battent entre eux, profitez... Le suivant sera probablement pire...
Version de Pow Woh : https://www.youtube.com/watch?v=YC4t8FLwdLA
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le 10 sept. 2018
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