https://www.youtube.com/watch?v=QSH0HnoIQ5Q
Certains prétendent que l’Univers a été créé en six jours. D’autres pensent que ce fut instantané, ils appellent ça le Big Bang. J’ai ma propre conviction. Celle que l’Univers s’est formé en seize minutes et vingt-quatre secondes. Oui, c’est précisément la durée de ce morceau de Philip Glass, l’Act II de son album The Photographer.
Par la répétition perpétuelle de la même boucle musicale, avec moult variations, il me fait accéder à l’infini spatiale. S’étoffant peu à peu, accélérant et ralentissant de manière impromptue si ce n’est aléatoire, mais suivant tout de même un certain refrain, cette douce mélodie déploie devant moi la multitude des étoiles du ciel, toujours plus nombreuses, toujours plus brillantes. Cet accord de violon strident, c’est certainement une comète qui passe à une vitesse incalculable. Ou peut-être une étoile qui s’éteint, tandis que des centaines d’autres naissent en même temps. Avant une conclusion formant un chant du cygne, comme si tout allait s’arrêter à la dernière note.
Je suis le premier à décrocher dès qu’une musique se veut un peu trop répétitive. Ce morceau a pourtant quelque chose de majestueux, de grandiose, de grisant, une boucle indéchiffrable portée par un véritable souffle cosmique. Vous n’y verrait peut-être qu’une suite de notes insensée et ennuyante. J’y vois un trait de génie.
Concluons avec une citation de Jean-François Lyotard tirée de son essai "La condition postmoderne", qui dit de la musique répétitive :
A mesure que le mètre l'emporte sur l'accent dans les occurrences sonores, le temps cesse d'être le support de la mise en mémoire et la musique répétitive devient un battement immémorial qui, en l'absence de différences remarquables entre les périodes, interdit de les dénombrer et les expédie à l'oubli.