il y a une tension assez particulière dans ce pont
comme si tout d'un coup on se réveillait en Espagne, au milieu d'une cour, au milieu d'une villa vide, au milieu d'un désert, dépourvu de toute raison, tout but mais tout, pourtant, tout, est encore très beau
et d'un coup on revient chez Phil, et il nous accueille comme si on venait juste de sortir deux minutes sur le pallier
mais bon de toute façon personne ne remarque rien, alors on fait comme si c'était normal et on revient dans le studio d'enregistrement
ce genre d'évènement va advenir bien plus fréquemment à la fin des années 60, et ce morceau, c'est le premier trajet de Phil Spector vers un ailleurs qui va alimenter toute cette période, dans ce "mur du son" qui porte si mal son nom
pour moi c'est plutôt une matière diffuse, faite de fumée et de poussière sonore qu'un mur monolithique
un rien shoegaze
studio gaze, quoi
cet ailleurs, c'est l'imagination, la naïveté et le dadaïsme rendus populaires à travers des disques vinyles
je sais pas sous quelle forme cette effervescence pourrait revenir
mais ça serait chouette.
la limonade, peut-être