Rêveries juvéniles

Cela remonte à un temps lointain, celui de la fin du collège et des premières années de lycée. Les garçons étaient appelés à choisir entre trois totems majeurs, trois clans : AC/DC, Trust ou Téléphone. Nous marquions notre allégeance en crayonnant leurs noms sur nos trousses, les couvertures de nos cahiers ou, mieux encore, sur les toiles kaki de nos sacs à dos, tous issus de stocks américains. J’avais choisi AC/DC, pour l’énergie déployée par les rockers anglais et la qualité musicale de leurs albums. J’appréciais le côté transgressif de Trust :

Connaissez-vous Saumur ?
Le bastion de l'ordure,
Le fief des bourgeois
Mentalité de rats.

Mais, rapidement, il me lassait. Restait Téléphone, premier groupe français de rock à succès. J’aimais ce morceau, que j’écoute toujours avec plaisir.

Je rêvais d'un autre monde
Où la Terre serait ronde
Où la lune serait blonde
Et la vie serait féconde

C’est entendu, les rimes sont faciles et les paroles simplettes. Mais, j’appréciais l’appel à l’utopie, qu’une très jeune génération reprenait le soir en boîte... Un appel à l’évasion, à de possibles lendemains qui chantent issus de rebellions violentes et régénératrices.

Je rêvais d'une autre Terre
Qui resterait un mystère
Une Terre moins terre à terre
Oui, je voulais tout foutre en l'air

Tout foutre en l'air, nous ne l’avons pas fait. Je suis surpris de constater que mes enfants ignorent l’existence de Téléphone et de Trust. Continuant à tourner, AC/DC a bénéficié de l’effet Iron Man. Comme quoi, mon choix initial n’était pas si mauvais.

Écoutez : https://www.youtube.com/watch?v=jA8Z1SnUXdk