Ce morceau a permis à George HARRISON de se hisser au même niveau que le tandem LENNON/McCARTNEY en tant que songwriter au sein des BEATLES. Certes il avait déjà composé des chansons avant, mais elles restaient toujours plus ou moins dans l’ombre des tubes écrits par les leaders du groupe de Liverpool.
C’est en repensant au Livre des transformations, que George a l’idée d’écrire sur le principe chinois du Yi Jing selon lequel toute chose serait relative et tout évènement fortuit. Il ouvrit alors une page d’un livre au hasard et tomba sur deux mots : gently weeps (pleure doucement). Dans un défi qu’il se lança à lui-même, il décida d’en faire le point de départ d’une nouvelle composition où il exprime sa vision désabusée du monde.
Le 25 juillet 1968, alors que les sessions de ce qui sera le Double Blanc sont entamée depuis deux mois, HARRISON présente en studio son morceau accompagné d’une simple guitare acoustique. La démo ne laisse pas de place au doute : on tient là, de toute évidence, le premier classique du guitariste des Fab Four. Celui-ci imagine d’abord un arrangement dépouillé pour While My Guitar Gently Weeps, puis il change finalement d’avis et opte pour une approche plus classic rock. Mais peu aidé par le manque d’entrain de ses trois partenaires, et frustré de ne pas obtenir le résultat escompté après 25 prises, il propose à son ami Eric CLAPTON de jouer à sa place. Celui-ci refuse d’abord : Personne n’a jamais joué sur un disque des BEATLES répond-il, avant d’accepter – ce qui motivera (enfin) John, Paul et Ringo à donner le meilleur d’eux-mêmes – et d’enregistrer, le 6 septembre – sur sa Gibson Les Paul – un solo qui entrera dans la légende.
Cette superbe chanson, qui est aussi l’une des plus emblématique du Double Blanc, permet à George HARRISON d’asseoir son statut d’auteur vis-à-vis de LENNON et de McCARTNEY (qui, pour l’anecdote, joue la partition de piano sur le morceau).