Mardi 21 Avril 2020, confinement jour 35.
Aujourd'hui, c'est jour de fête : montage d'une bibliothèque qui attend sagement dans son carton : elle le savait bien la bougresse que son heure viendrait enfin... J'ai devant les yeux une bibliothèque.. rose de plaisir...Et puis elle le sait bien, elle, que la culture triomphera toujours et qu'elle finira bien par se remplir un jour prochain.
Durant ce dur labeur, un film accompagnera mes efforts "Armaguedon d'Alain Jeshua. Oui le choix est curieux, le film un peu mou mou quand même, jusqu''à ce qu'une voix métallique de terroriste (celle de Jean Yann déguisée) entonne son affreux Leitmotiv : "Si je prenais Mick Jagger pour cible, je soulagerais des millions d'individus". Là je pense au Stones aux légendaires Stones, à l'immense Mick entraperçus dans la bande annonce de "One World : Together At Home", le concert organisé par Lady Gaga pour soutenir les soignants, nos héros. L'émotion me gagne, rin à f**tre de ce film, conn*d de Jean Yanne., je zappe, direction Youtube, et là miracle !
La période est propice aux sentiments exarcerbés c'est vrai, mais rapidement l'émotion submerge cet après-midi nuageux . Notre monde pour un temps n'existe plus, hormis nos familles, nous n'avons plus le droit de parler à nos congénères , mais eux , les Stones, sont là éternels. D'abord un split screen, quatre écrans que la lumière n'a pas effleuré, et qui vont tour à tour s'illuminer. Le premier à se dévoiler sera Mick ,le légendaire, en chemise, guitare acoustique à la main depuis son château " de la fourchette " (cela ne s'invente pas) dans le Loiret. Il faut quelques longues secondes, quelques accords venus de l'ancien monde pour deviner les premières notes du fameux morceau d'anthologie, hymne désenchanté , que Jagger avait imaginé accompagné par un chœur gospel...
Puis comme une révélation, comme une évidence la voix inimitable de l'idole qui nous lance en plein visage ces quelques mots volés à la postérité : "I saw her today at the reception" allumant à notre droite la caméra de l'immense Keith Richard, venant lui aussi plaquer quelques accords sur la mélodie heurtée, avant que les cordes de la basse de Ronnie Wood ne viennent vibrer une octave plus bas et donner une résonnance d'une ampleur incomparable à la mélodie, alors que la voix chaude de Keith accompagne maintenant en écho celle de Mick.
Charlie, le regretté Charlie Watts se fait encore désirer, puis sa caméra s'allume , nous laisse découvrir son magnifique sourire , casque sur les oreilles, sourire magnifique baguette à la main, venant taquiner une caisse qui fera office de batterie sans doute imaginaire.
Séparés par des centaines de kilomètres par des mers sans navire, les quatre fantastiques jouent pourtant à l'unisson. Durant cinq courtes minutes le cœur des stones bat de nouveau, réchauffe le notre, le son dans nos âmes, le monde est apaisé, les cailloux sont immortels, leur mélodies éternelles.
* La vidéo de ce moment hors du temps est ici :https://www.youtube.com/watch?v=N7pZgQepXfA
Le morceau accompagne également une très belle scène du film de Kasdan, "The Big Chill". Je n'ai pas encore trouvé la scène sur Internet, mais voici pour ceux qui seraient intéressés, mon avis sur le film : https://www.senscritique.com/film/les_copains_d_abord/critique/156237717