Youngstown
8.4
Youngstown

Morceau de Bruce Springsteen (1995)

Once I made you rich, rich enough to forget my name

Youngstown sort sur l'album "The ghost of Tom Joad" en 1995, alors que l'accord de libre échange nord américain ALENA est en vigueur depuis le 1er janvier 1994 et que - en conséquence - l'industrie étasunienne est en train de foutre le camp massivement au Mexique, là où les maquiladoras poussent comme des champignons, notamment dans la tristement célèbre ville de Cuidad Juarez.


Youngstown, c'est un peu aux U.S.A ce que Thionville (ou Florange) est à la France. Une ville qui comptait 170.00 habitants en 1930 et qui n'en compte plus que 65.000 aujourd'hui.


Soutenu par une atmosphère musicale complétement crépusculaire et transcendée par le violon de Soozie Tyrell, le Boss, dans son texte, prête sa voix à un travailleur qui assiste impuissant au déclin de sa ville natale. Youngstown est une des très rares chansons qui parle de la désindustrialisation et du drame humain et social qu'elle induit. Et avec des mots très durs :
"Now the yards are just scrap and rubble, them big boys did what Hilter couldn't do. These mills they built the tanks and bombs that won this country's wars, we sent our sons to Korea and Vietman, now we're wondering what they were dying for"
trad. Maintenant, il n'y a plus que déchets et ruines, ces grands garçons ont réussi ce à quoi Hitler n'était pas parvenu Ces ateliers ont construit les tanks et les bombes qui ont gagné les guerres de ce pays, puis nous avons envoyé nos fils en Corée et au Vietman, et maintenant on se demande pourquoi ils sont morts.


Bref, probablement un des plus beaux textes du boss, un des plus tristes aussi, qui restitue avec une justesse inouïe ce mélange d'un sentiment de trahison et de colère qui anime ceux qui perdent en plus de leur travail et leur salaire, la fierté qui résulte de l'appartenance à un tissu social, aussi humble fut-il. Plus que jamais d'actualité, non ? Et pas uniquement aux U.S.A...


Sur le plan musical, la chanson est construite - comme très souvent chez Springsteen - avec une grande sobriété qui lui confère toute sa force. Trois accords (on peut la faire par exemple en Dm, C, F) avec un couplet (Dm, C), un refrain et un pont chanté (deux fois, avec du F, qui met de la gomme et qui donne du coup de la force à l'ensemble).


Quelques liens pour finir :
Version studio :
https://www.youtube.com/watch?v=4GaFUOQWi9A
En live (électrique) :
https://www.youtube.com/watch?v=1_WBBGfaC-k
En live (acoustique, à Youngstown) :
https://www.youtube.com/watch?v=Smddcs5n0H0

Marcus31
10
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le 2 avr. 2016

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Marcus31

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