Il y a beaucoup de très belles choses dans cette perle, à commencer par le titre. L’homosexualité était encore “interdite” au Royaume-Uni, jusqu’en septembre 1967, c’est-à-dire un mois après la mort de Brian Epstein, le manager des Beatles.
Par ailleurs, Epstein et John Lennon ont eu une sorte d’aventure romantique, platonique selon Lennon, en 1963, deux ans avant le morceau.

Le morceau est tranquille et bucolique, mais il y a dans ce calme apparent une fêlure, quelque chose qui a envie de se libérer à chaque refrain : “HEY, you’ve gotta hide your love away”.
A chaque Hey, on a l’impression que John veut dire l’inverse : hey, you’ve gotta live your love today. Ou quelque chose comme ça.
Mais en disant le contraire, en se retenant de crier aveuglement, il prend une voix réconfortante, une voix de complice, non pas celle du protestataire bateau qui croit dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Il prend la voix de l’ami, celui qui comprend ce que c’est que d’aimer différemment des normes culturelles :
Non, aujourd’hui, tu dois aimer caché, mais crois-moi, ça va s’améliorer.

Je trouve que derrière cette guitare et derrière cette flûte, il y a une grande fragilité, une grande incertitude, bien plus impressionnante que les clichetons traditionnels du lover assuré de l’époque. Tout comme les morceaux de Roy Orbison nous restent comme des oeuvres fragiles et maladroites comparées aux hymnes machistes d’Elvis Presley, si on y regarde bien on trouve, de la même manière, beaucoup de petites perles dans la discographie des Beatles, finalement bien plus sensible que celle d’autres groupes “comparables” (Rolling Stones, Beach Boys).
Garfounkill
9
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le 10 juin 2014

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