Les écheveaux temporels peuvent être très intéressants si tant est qu'ils ne basent pas tout sur un twist/paradoxe de l'écrivain final. Astuce qui s'évapore bien trop vite.
Ho, pour sûr il y en aura un et qui cherchera probablement à prendre le contre-pied de celui du film-la Jetée. Et s'il sera délayé selon le nombre de saisons espérons qu'ils en placent d'ores et déjà les jalons, qu'ils ont en tête le plan général de leur palimpseste, couche après couche. Car pour durer plus qu'un film ou qu'une saison, on en aura probablement pour son grade de cliffhangers, de repentirs et de twists à base de chronologie inversée, de timelines emberlificotées et de Bidule qui est Machin du futur. Que cet empilement puisse densifier la narration, donner consistance à un propos cohérent et non ne supporter qu'un fragile équilibre de cliffs sans fin. (C'est aussi pour ça que l'abandon du projet d'une série The Lost Room est une bonne chose : la mini-série se tenait parfaitement.)
Ces deux premiers épisodes se regardent donc sans déplaisir, car l'on s'attendait à bien pire... certes. Et, ne cherchant jamais à copier le film de Terry Gilliam, sans agacement. Ca entre immédiatement dans le vif du sujet et l'on nous épargne les habituelles lourdeurs ankylosées des pilot tels que trombinoscope de personnages déjà vus avec psychologie de bazar, faux suspense, background sur-expliqué et autres circonvolutions laborieuses. Hélix s'y était, à mon sens, empêtré. Même l'intrigue amoureuse parvient à ne pas paraître trop balourde. On sait où l'on est, pas besoin de traîner !
Mieux, deux-trois blagounettes sur les paradoxes laissent à penser que les scénaristes ont conscience d'arriver sur un terrain déjà bien labouré, pour ne pas dire le plus labouré de la SF ; on peut alors espérer qu'ils tentent de trifouiller un poil plus loin que la simple loopette.
Autre surprise, pour du Syfy, la série n'est pas trop cheap ou kitsch. Il y a parfois même de chouettes ambiances avec une photographie soignée, grands Dieux merci, sans infect filtres et autres gimmicks modernes. Bon point, la série ne cherche donc jamais à (mal) copier l'esthétique du film. A voir si elle saura rester consistante avec cette ligne et jouer pour de bon avec les diverses époques. Si elle exploite diverses époques...
En fin de compte, si 12 Monkeys parvient, avec de la chance, à ne pas ployer sous son concept, le bât blessera sans doute du côté des acteurs : le jeune Robert Carlyle, la sous-Yvonne Strahovski , le clone de Bowie, etc. tous, pour l'instant, ont encore à prouver leur charisme. Sauf un Kirk Acevedo qui à n'en point douter sera, comme dans Fringe, scandaleusement sous-exploité. L'acteur d'Oz méritait bien mieux que ça.
Bref, ça ne paie pas de mine, ça va probablement s'écrouler très vite mais contrairement aux quelques séries similaires de ces dernières saisons, là je n'ai pas eu l'envie furieuse de couper en plein épisode pour ne jamais la relancer. C'est déjà pas mal.
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(Deux premières épisodes. Un 6 neutre pour ne pas être en critique négative - à suivre.)