Qu'est-ce que c'est que cette merde ?

Ce documentaire n'est pas mauvais, pire, il est dangereux.

Il ne faut pas s'attendre à apprendre quoi que ce soit. Pour résumer, c'est une multiplication de témoignages de victimes plus ou moins proches des attentats du 13 novembre. On est dans le pathos le plus total. Aucune réflexion, aucune perspective, on nous demande de nous immerger dans l'enfer qu'ont vécu ces gens. On est au plus profond de la dictature de l'émotion.

Pourtant de l'émotion il n'y a que ça dans notre société moderne. Au rythme des images sanglantes que les médias et a fortiori internet nous sert, l'émotion cadre notre manière de penser et d'agir. Pour le meilleur comme pour le pire. C'est la photo d'un jeune enfant syrien échoué sur les plages turques qui va faire réfléchir sur la question des migrants. La guerre en Libye, rapide et non préparée, provient des images d'horreur que nous en obtenions à l'époque. Combien de personnes ne sont elles pas islamophobes dans notre société, car alimentées par un sentiment profond de peur ? Un sentiment de peur qui obscurcit leur réflexion. Qui les empêche de faire la part des choses. Que fait ce documentaire ? Il l'alimente.

Alors que nous sortons à peine la tête de ce grand bain à émotion dans lequel nous nous sommes plongés au lendemain du 13 novembre, et alors que des attentats épisodiques nous replongent un peu à chaque fois dedans, il faut qu'il y ait ce genre de documentaire, fait par des gens démissionnaires, n'ayant aucun contrôle sur les conséquences de leur oeuvre.

Il est important que nous fracassions ce documentaire. Nous devons être capable d'élever notre voix, pour appeler à plus de penser et moins de ressenti. Nous ne devons pas soutenir cet odieux projet.

Un mot sur les victimes qui témoignent. Bien évidement nous compatissons tous avec leur sort. Je peux même imaginer que pour certains cela puisse les aider, à formuler la peur qu'ils ont ressenti. A s'emparer de ce qu'il leur est arrivé. Toutefois ce qui est bon pour les uns, ne l'est pas pour les autres.

Mention spéciale à la mise en scène, qui se permet d'amplifier les sentiments de peur par des musiques bien graves, en arrière plan, comme dans un vulgaire film hollywoodien.

Ce documentaire est un cocktail d'amertume, de tristesse et de peur. On se demande bien ce qui peut en ressortir de positif.

J'encourage au passage quiconque à faire valoir son opinion contraire dans les commentaires. Faisons vivre un peu le dialogue.