Après Borgen, la série "1864" éblouit

L’Histoire fait un tabac à la télévision ! Ces jours-ci, Waterloo monopolise les médias : commémorations, documentaires, reconstitutions historiques… Sur le petit écran, les créateurs de séries exploitent les sujets historiques tout en décrochant de gros budgets. La production danoise 1864 est l’un des meilleurs exemples de réussite, mêlant les bons ingrédients : ambition, amour, rivalités entre deux frères, dans un tourbillon d’images léchées dignes d’une fresque épique.
Réalisé par Ole Bornedal, 1864 cerne le conflit fondateur du Danemark moderne. Au 19e siècle, deux guerres ont permis à la Prusse et à Bismark d’étendre son pouvoir sur l’Europe. "Nous sommes le pays le plus visionnaire d’Europe, c’est pourquoi il faut unir le Danemark en un Royaume". Telle est la volonté d’une poignée d’hommes influents qui tirent les ficelles de la politique à cette époque. Et ce qui passionne, au cours des huit épisodes de cette fiction, ce sont les deux axes qui s’entrechoquent, le politique et l’humain.

De grands moyens
Regroupant Danemark, Allemagne et Royaume-Uni, la production a réuni 23 millions d'euros pour réaliser 1864. Une somme jamais atteinte auparavant au Danemark.

La bande de Borgen
Parmi les 160 comédiens et 6 000 figurants, les rôles principaux sont portés par d’excellents comédiens provenant du casting de Borgen, la fascinante série politique, dont Sidse Babett Knudsen, qui incarne une comédienne influente et commet quelques scènes fantasques, jubilatoires. De même, Pilou Asbæk, en mauvais fils vicieux flirte avec les limites de la folie.

Deux frères, une fille
1864 s’inspire d’un livre de Tom Buk-Swienty et retrace, par la voix off d’une jeune femme, l’histoire d’une famille. Au cœur de ce récit, Inge Juhl (Marie Tourell Soderberg), fille de l'intendant d'un domaine agricole, raconte son amitié enfantine avec les deux garçons, Peter (Jens Sætter-Lassen) et Laust Jensen (Jakob Oftebro). Très différents, les fils de paysan se soutiennent face aux épreuves de la vie : au retour de leur père (Lars Mikkelsen) blessé lors de la première guerre qui a opposé le Danemark à la Prusse et à l'Autriche (pour la possession du duché de Schleswig), leur enfance bascule. Ils vont devoir travailler comme des hommes, reprendre la ferme laissée par leur père. Et partager le même premier amour.

Les puissants
Du côté des riches, il y a le baron Severin (Bent Mej-ding) propriétaire du domaine et son fils, Didrich (incroyable Pilou Asbæk qui jouait le Spin doctor dans Borgen) revenu des champs de bataille avec un (mauvais) grain de folie. Qu’ils soient physiques ou mentaux, les traumatismes de la guerre s’instillent dans le récit, empoisonnent la vie des protagonistes. De l’insouciante enfance, surgit l’effroi de la guerre. La deuxième, celle de 1864, nait du conflit entre les Duchés, suite à la crise de succession à la mort du roi danois Frédéric VII, sans héritier. Et voilà les deux fils Jensen enrôlés dans l’armée…

Deux temps
Passant habilement du XIXe siècle au XXIe, le scénariste confronte le journal intime d’Inge Juhl à la vie d’une jeune Danoise d'aujourd'hui en quête de sens. Du sens, l’histoire en fournit en plongeant dans les racines de ce petit pays, autrefois puissant. Ainsi, pour les Danois, 1864 est une date fondatrice ; ce fut la dernière grande guerre, qui humilia ce pays aux yeux de l’Europe. Une guerre absurde, emportée par les Nationalises, dont peu de gens ont entendu parler. Mais cette série est avant tout un grand spectacle, rondement mené.