Pourquoi l’homme en vient-il à tuer des femmes ? La saison 2 de The Fall plonge au cœur de la question de la violence masculine. Ce dernier volet de la série poursuit la traque du tueur Paul Spector et clôt l’enquête avec brio, menée par le torride duo Jamie Dornan & Gillian Anderson.
Belfast, le crachin, les maisons ouvrières, l’accent rêche, les foyers ordinaires. Un homme, que l’on sait tueur en série depuis le début, personnifie un père comme les autres : il aime ses enfants et son épouse, il accomplit son boulot de psy dans un centre local.
Le monstre
Derrière le visage lisse et séduisant de ce psy qui écoute les femmes violentées, un monstre se dissimule. L’acteur irlandais Jamie Dornan (très attendu en businessman sadomaso, dans le film Cinquante nuances de Grey qui sort le 11 février) convainc par son interprétation, oscillant diaboliquement entre répulsion et séduction. Calme, patient, maître de ses émotions, il ne cille jamais. A chaque minute de The fall, on attend que craquelle le vernis sur ce doux visage. Pourquoi violer, torturer, tuer ? Fouiller dans le passé du tueur ouvrira des pistes, pour tenter d’expliquer l’obsession criminelle. La perversion est au comble lorsque le psy va jusqu’à soigner une de ses victimes qu’il n’a pas pu achever. On ne dévoilera pas l’intrigue. Le plaisir et l’effroi perdurent jusqu’au dénouement.
Proies et victimes
Les personnages féminins explorés en profondeur retiennent l’attention, en particulier celui de l’adolescente en manque de repères, l’ancienne baby-sitter devenue l’amie du tueur à la fin de la saison 1. Cette provocatrice balancera-t-elle dans le sombre monde de Spector ? Est-elle aussi dévouée qu’elle ne le laisse paraître ? Et l’épouse, Sally-Ann Spector, enceinte et meurtrie, jusqu’où couvrira-t-elle son mari, qui lavait affectueusement les corps de ses victimes dans la saison 1 ?
Mangeuse d’homme
Face au tueur, Stella Gibson, la super flic tient toujours la barre, s’infiltrant dans la tête de celui qu’elle traque, tout en le laissant l’aborder jusqu’au bord du danger. Magnifique dans la peau d’une blonde archétypale, glaciale, imperturbable, Gillian Anderson éblouit elle aussi par sa maîtrise : tout est dans l’élégance, le moindre regard, sa voix grave presque atone, ses gestes contrôlés pour qu’aucun sentiment ne perce, face à l’entourage composé d’une majorité d’hommes qu’elle tient à distance et cependant selon ses envies, invite dans son lit… Le Service de Police d'Irlande du Nord est dirigé par un ex amant éploré de Stella, insistant et maladroit.
Célibataire, sans enfant, vouée totalement à son métier, Stella sonde les âmes, s’offre des parenthèses sexuelles, joue avec les corps, sans état d’âme, libre. La seule personne à qui elle confie ses angoisses est son journal, dans sa table de chevet. Et si quelqu’un s’en emparait ? On retient son souffle.Le créateur de la série, Allan Cubitt, réussit à imposer un univers à la fois tendu et érotique, dont il est difficile de s’échapper avant le dénouement.
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