Sans prévenir, The Fall entête, séduit, passionne.
On s’éprend d’abord de l’intrigue, basique mais captivante : un tueur tue, une enquêtrice est chargée de l’arrêter. On suit la progression et les errements parallèles de ces deux personnages. La question n’est donc pas « qui a tué ? » mais « quand va-t-elle l’attraper, comment, avec quelles preuves ? »
L’ambiance est addictive. C’est froid, c’est lent, c’est complètement fascinant. Au milieu de séquences contemplatives, presque hypnotiques, des éclats de brutalité nous ramènent à la réalité de l’histoire : des meurtres, du sang, de la boue, une enquête de police qui piétine sous la pluie de Belfast.
La musique participe au charme et à l’intranquillité. Plutôt qu’une musique, c’est une sorte d’atmosphère sonore minimale qui apparaît par pulsations, angoisse sourde, lancinante, présage d’une catastrophe imminente… et puis qui s’évapore.
Les personnages sont intelligemment écrits et interprétés. Le jeu peu expressif de Jamie Dornan gagne en subtilité au fil des épisodes et traduit les facettes multiples de l’étrangleur en série Paul Spector. Beau et monstrueux. Papa gâteau et psychopathe. Impassible et torturé. Aimable et détestable.
Tout aussi contrastée, la « detective superintendent » Stella Gibson (Gillian Anderson) est distante — voire antipathique. Mais, peut-être est-ce son caractère concentré et inflexible, ou ses regards fêlés, elle exerce sur ses équipiers et sur le spectateur un charisme dévastateur.
La série monte en puissance. La traque de la première saison se fait plus complexe. Le dénouement est sans cesse proche, redouté, retardé. La deuxième saison inverse les forces et révèle les failles ou les ressources des personnages. « The Fall » signifie « La chute ». Oui, mais de qui ? La saison 3 le dira peut être.