Je ne sais pas à quand remonte mon dernier coup de coeur pour une série, mais celle-ci, trouvée complètement par hasard avec mon abonnement Netflix (merci pour une fois les propositions en fonction des mes goûts), m'a absolument réconciliée avec les séries télévisées. Non pas que je ne les apprécie pas, mais elles peinent en temps normal à me bouleverser, me surprendre, ou tout simplement me fidéliser tout au long de leurs (parfois) nombreuses saisons.
Gillian Anderson, que je n'avais pas revu, ou à de très rares occasions dans des films de seconde zone, depuis la cultissime X-Files, m'a profondément ému. Elle tient ici un rôle absolument magistral, interprété de façon la plus juste qu'il soit, et surtout avec une retenue tout en finesse. Flic faussement froide et solide, elle nous entraîne dans les tréfonds de son esprit tout au long des épisodes, nous distillant ça et là ses faiblesses. Son incroyable féminisme (pour une fois, dans une série, traite l'homme comme un objet, et non pas l'inverse comme il se doit) est vraiment rafraîchissant, n'hésitant pas à renvoyer dans les cordes ces collègues les plus machistes, dans une société à Belfast que l'on devine très emprunte de religion.
De religion, il n'en est pas question, ou si peu dans cette série. En revanche, Belfast joue un rôle important en toile de fond dans cette série... Même si je ne m'y suis pas rendu, on devine ça et là que cette ville a souffert (et souffre a priori encore) de ces guerres de religion qui l'ont défigurée ces dernières décades. L'ambiance est pesante au possible, et le filtre lumineux plutôt gris, froid et humide n'aide pas à améliorer le tout. Bien au contraire, on sent la volonté du réalisateur de nous entraîner avec lui dans cette noirceur. Et ça marche !
Autre surprise de taille, le rôle tenue par Jamie Dornan. De prendre un aussi beau mec (bon OK, on le voit une fois par épisode torse nu, mais ce n'est pas la (première) raison) pour jouer le rôle d'un serial killer (généralement plutôt affreux et/ou physiquement marqués) est assez intéressant. Qui se douterait d'une éventuelle menace venant d'un psychologue spécialisé dans le deuil ? N'y voyait aucun spoil de ma part, car on apprend dès les premières minutes de la série que le bad guy de la série, c'est lui ! En cela aussi, c'est assez intéressant (oserai-je novateur ?) pour une série : connaître l'identité du meurtrier dès le départ, à tel point qu'il m'a fallu quelques minutes pour me demander si ce n'était pas un faux semblant clairement voulu par le scénariste.
Ce qui est particulièrement magistral, c'est la mise en parallèle des moments forts que vivent chacun des protagonistes, n'hésitant pas à superposer une scène d'amour de l'héroïne avec le meurtre d'une jeune femme par le serial killer.
Dernier point concernant les seconds rôles : ils sont tout aussi marquants que les rôles principaux, bien joués et interprétés, et tout aussi importants dans le déroulé de l'histoire.
Enfin, que dire de la bande son ? Tout aussi grandiose. Peu, ou pas, de musique, des notes tenues, un peu à la Hans Zimmer pour marquer le joker dans The Dark Knight, telle une scie, pénétrante au possible. Cette série est aussi marquée par ses nombreux silences, et surtout un rythme lent et vraiment intéressant à tout point de vue, à l'opposé des séries policières d'aujourd'hui, coupées au couteau lors du montage, enchaînant les plans à n'en plus finir.
En tout point, une belle et grande série. J'ai hâte de découvrir la troisième saison, au regard du final haletant de la deuxième.