Hyper impressionné par cette série dont j’ignorais à peu près tout, mis à part le fait que ça devait se dérouler en 1883 et que c’était la prequelle d’une autre série que j’ai pas vu... Bref, j’ai donc été hyper impressionné. Porté par un scénario flamboyant, des dialogues particulièrement inspirés et surtout une ribambelle d’acteurs incroyablement bien dirigés, le début de 1883 inspire d’emblée le plus grand enthousiasme, et les plus grands espoirs. Et pour une fois, ces derniers ne seront pas déçus… Et 1883 subjugue par sa relecture désenchantée de la création de l’Amérique, de ses promesses de libertés noyées dans une tristesse absolue et une nostalgie désabusée pour une époque qui semble disparaître, alors qu’elle n’a jamais vraiment existée.
Avec les fils que déroulent une poignée de personnages, réunis sur la même route pour des raisons différentes, 1883 tricote le récit de la grande Histoire à travers des destins individuels emportés par une puissance mythologique bien connue où se cotoient la Route, la Frontière, une destinée manifeste et quelques maisons, non pas sur la colline, mais que l’on finira par ériger au creu de quelques vallées. 1883 redonne au western sa dimension épique, mais surtout rappelle que ce genre n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’inscrit dans le cadre rigoureux de la Tragédie.
La prestation de Sam Eliott, fatigué et nihiliste, est un plaisir immense pour les spectateurs qui attendaient pour l’acteur un tel rôle crepusculaire et il est ici littéralement magnifique. Les seconds couteaux sont tous impeccables, notamment les trois cowboys qui accompagnent cette transhumance vers l’enfer, il ne suffit pas d’avoir des dialogues bien écrits, il faut savoir aussi les machouiller avec talent et celui de l’acteur qui interprète Wade est immense. Quelques petits plaisirs délicieux aussi comme les quelques scènes qu’illuminent Billy Bob Thornton, ou le caméo silencieux de Tom Hanks. Et au milieu de tout ça, il y a bien sûr Isabel May, une prestation hallucinante à la hauteur d’un rôle incroyable, pendant lumineux à cette odyssée de la mort, et dont le destin rapproche habilement les mythes fondateurs classiques du délicieux récit d’apprentissage… C’est elle qui illustre l’adage « this is a free country », que les personnages se répètent comme un mantra, cherchant à se persuader qu’il y a forcément un sens à toute cette désolation. Les réflexions en voix off de cette jeune Elsa - ouvrant et clôturant chaque épisode - pourraient parfois apparaître un brin sentencieuses ou emphatiques, mais le serieux absolu et la tenue impeccable de la série forcent le respect. J’aurais pu trouver ça too much, mais j’ai adhéré au boulot de Taylor Sheridan, trouvant tout ça d’une folle justesse, et très souvent déchirant… Mettant sans peine de côté ses quelques maigres lacunes, j’ai adoré.