3615 code Monique la nouvelle série OCS rappellera forcément à toute une génération les affiches 3615 Ulla et 3615 autres prénoms à forte connotation érotiques qui fleurissaient sur les murs et panneaux publicitaires des années 80. La série revient justement sur le tout début des années 80 et l'apparition du minitel (sorte d'ancêtre mal dégrossi d'internet) et par extension du minitel rose.
3615 Monique raconte donc l'histoire de trois étudiants en fac de sciences aux caractères bien différents qui décident pourtant d'unir leurs compétences respectives pour créer l'un des premier service de Chatt érotique de France. Une sorte de start-up avant l'heure qui devra grandir et s'adapter à un nouveau marché technologique dopé par une demande de plus en plus forte de services coquins.
3615 Monique est une bonne petite série française qui se binge avec beaucoup de plaisir. Les dix épisodes d'une vingtaine de minutes se regardent tout seul même si l'histoire semble parfois faire un peu du sur place pour arriver au bout de ses dix épisodes. Sur un ton de comédie nostalgique teinté de quelques ombres un tout petit peu plus graves 3615 Monique nous plonge dans le tout début des années 80 à cet instant de transition entre la France un peu sclérosée de Giscard et celle pleine de promesses de Mitterand. La reconstitution de l'époque est plutôt bien sentie et convaincante surtout que la série n'appuie jamais sur le côté gratuitement nostalgique refusant par exemple que la bande originale soit truffée de hits insupportables des eighties. Certes la reconstitutions se limite souvent à quelques décors qui reviennent en boucle au fil des dix épisodes mais elle est tout à fait crédible. Un soucis de réalisme qui se prolonge dans le choix du cadre et des dialogues suffisamment travaillés pour ne jamais paraître ni trop datés ni anachronique.
Avec un tel sujet propre de la grivoiserie et un retour aux années 80 la tentation semblait grande de replonger vers l'humour souvent potache des comédies françaises de l'époque mais les auteurs choisissent un registre plus feutré de comédie dramatico-romantico-nostalgeek. La série est portée par un très bon trio de comédiens et de personnages avec Noémie Schmidt dans le rôle de Stéphanie une jeune femme plutôt carriériste et opportuniste, Paul Scarfoglio dans le rôle de Toni un latin lover tchatcheur et fonceur et Arthur Mazet dans le rôle de Simon un geek génial timide et introverti. Une association de feu et de glace entre buisness économiques, bidouillage technologique et séduction qui renvoie de manière assez maligne au fait que l'essor de toute nouvelle technologie trouve toujours dans sa fesse cachée des opportunités de gagner de l'argent. A peine arrivé dans les foyers français le minitel trouvera sa place dans les fantasmes et désirs de milliers de français pouvant discuter en ligne avec des prétendues hôtesses sans même se soucier de savoir si derrière un écran aussi austère qu'un film de Bergman un soir d'hiver se cache un homme ou une femme . 3615 Monique parle avec légèreté mais pertinence de l'économie liée au sexe, de cette face cachée mais omniprésente du sexe dans les nouvelles technologies et de l'éclosion des premières start-ups. J'espère vraiment que les futurs saisons continueront d'explorer cette thématique assez passionnantes du rapport entre le commerce du sexe et un capitalisme de plus en plus désincarné. Si la série reste légère et drôle elle explore aussi quelques zones plus dramatiques comme les rapports conflictuelles entre Simon et son père ou lorsque Stéphanie commence à appliquer des mesures tyranniques envers ses quelques employés. Quant à l'impact de l'arrivée du minitel rose sur la prostitution il reste évoqué mais mériterait sans doute d'être un peu plus approfondi.
3615 Monique est une bonne petite série qui ravive une certaine fibre nostalgique et qui surtout offre de nombreuses et pertinentes thématiques à explorer. Il reste à espérer qu'au fil d'éventuelles futures saisons cet équilibre entre la légèreté de ton et la profondeur de fond perdure pour dresser un portrait plaisant mais réaliste des dérives capitalistes liés au commerce du sexe sur internet car tout comme la pornographie , ce qui commence par une joyeuse grivoiserie entre amis se termine trop souvent dans de sordides exploitations humaines.