Manon, 20 ans.
Quel bonheur de redécouvrir cette chère Manon, à l'aube de ses 20 ans. Rien ne change vraiment pour elle et pourtant rien n'est plus comme avant. L'adolescente qu'elle fut se traîne en langueur aux portes de la femme en devenir. Difficile d'oublier le chaos des premiers jours, compliqué de se débarrasser des démons du passé.
Une suite plus que bienvenue qui nous dit que même après un happy end, rien n'est jamais joué. La vie est un éternelle recommencement. Batailles après batailles, victoire et défaite, une guerre perpétuelle qui se trame à chaque détour du chemin.
3 temps, donc. Comme une danse. Introduction, intrigue et épilogue. C'est efficace. Le kaléidoscope calé sur un embranchement crucial du parcours de vie de Manon. Sans chichi, sans envolée, tout est très littéral, terre à terre, chevillée dans les angles de vue de la jeune femme. De dos, de côté, en biais pour exprimer toute la complexité de sa personne, les retords de l'existence, surtout à cet âge de transition.
Cette suite, ce deuxième tome, comme pour placer Manon à la croisée des chemins, pour exprimer le temps. Passé, présent, futur. Savoir à quelle porte toquée, à quel destin se vouait. Comment se définir ? Comment s'inventer ? Vivre avec sa mélancolie accrochée viscéralement sur ses épaules, un poids mort qui pèse et pourtant espérer, choisir puis mener ses combats. Apprendre à obéir sans s'entraver dans son libre arbitre. De l'abnégation pour rentrer dans le rang et un soupçon de rébellion pour le changement.
Manon, Don Quichotte, enragée. A la recherche des origines pour conjurer le sort. Un père et une mère, sa base malsaine, inconnue, qu'il faut urgemment désacralisée. Et puis un passé apaisé. Et si, dans ce voyage, finalement elle n'avait pas déjà connu un soupçon de bonheur ? Cet éducateur, sa prof', la passion pour la mécanique et le théâtre ? Et si ça n'était pas déjà une façon de dessiner les contours d'une vie ?
Bonne chance et bon vent, petit bout de femme.