La famille parfaite (ou trop parfaite ?) qui rend la vie normale étrangement ennuyeuse

7 à la maison, diffusée dès 1996, c’est l’histoire de la famille Camden, un clan de sept personnes dirigé par un père pasteur, Eric, et sa femme Annie, au cœur de tous les bons sentiments imaginables. Avec leurs cinq enfants – Matt, Mary, Lucy, Simon, et Ruthie – les Camden sont le genre de famille qui fait des câlins pour résoudre les conflits, où les leçons de vie tombent comme des confettis, et où chaque épisode se termine par un joli sermon qui rappelle que tout le monde a droit à sa part de sagesse, avec supplément de morale.


Le gros problème, c’est que 7 à la maison se veut un modèle de moralité… mais finit par ressembler à une démonstration de "comment tout est toujours bien trop parfait" – même quand ça va mal. La série aborde chaque problème, des petites rébellions adolescentes aux grands enjeux de société, avec une approche quasi-chirurgicale de la vertu. Chaque épisode est une leçon de vie, chaque personnage, une page du manuel de la famille idéale, et chaque conflit, une opportunité de démontrer que les Camden sont au-dessus des petites imperfections humaines. Les erreurs sont rapidement corrigées, les tentations rejetées, et la plupart des histoires se terminent par un discours de papa-pasteur sur le droit chemin. Oui, tout y est pour te donner un petit coup de culpabilité si tu pensais que ta vie avait besoin d’un peu plus de chaos.


Les personnages, bien que sympathiques dans leur genre, finissent par sembler être des caricatures de la famille idéale. Eric, le père pasteur, est le pilier moral inébranlable, toujours prêt à conseiller même les voisins de passage. Annie, la mère, est l’archétype de la patience incarnée, capable de gérer cinq enfants, des problèmes de voisinage, et un mari spirituel avec une sérénité quasi-surnaturelle. Les enfants, quant à eux, passent de petits anges aux âmes en pleine crise existentielle en l’espace d’un épisode… avant de revenir, bien sûr, dans le droit chemin, comme si rien ne s’était passé.


L’esthétique de la série est typique des années 90, avec une ambiance chaleureuse et des décors de banlieue où chaque maison est impeccable, chaque jardin est entretenu, et chaque sourire est aussi éclatant que le soleil californien. Les scènes se déroulent principalement dans le salon familial, symbole de la vie parfaite des Camden, où les pires disputes sont réglées autour d’un repas maison ou d’une tasse de thé. Tout est si propre, si lisse, qu’on en vient à se demander si ces gens-là ont jamais vraiment fait une lessive en urgence un dimanche soir.


Les thèmes abordés – les choix de vie, les pressions de l’adolescence, les valeurs morales – sont certes universels, mais sont traités avec une lourdeur qui confine parfois au sermon. La série ne laisse que peu de place aux zones grises : il y a toujours une bonne réponse et une mauvaise réponse, et les personnages sont là pour te le rappeler. Au lieu de montrer les dilemmes de manière nuancée, 7 à la maison préfère marteler des leçons toutes faites, ce qui finit par lui donner un air paternaliste et un peu vieillot. Pour ceux qui espèrent un peu d’imprévu, de chaos, ou même d’humour, la série se révèle être une succession de "morales" prévisibles.


7 à la maison souffre aussi de sa longévité : les intrigues se répètent, et les personnages passent par les mêmes leçons de vie année après année. Les rebondissements deviennent un peu ridicules, et la série manque de profondeur ou d’évolution pour rester captivante sur le long terme. À force de vouloir prêcher la morale, elle finit par être un peu fatigante, même pour ceux qui adorent les séries familiales. Ce ne sont pas des personnages qui évoluent, mais des archétypes qui rejouent sans fin les mêmes petites crises.


En conclusion, 7 à la maison est une série qui aurait pu être touchante, mais qui tombe dans le piège de la perfection excessive et du prêchi-prêcha. Si tu cherches une série où les problèmes se résolvent en dix minutes, où les enfants apprennent la morale de la vie sans jamais vraiment dévier du droit chemin, alors les Camden te feront passer un moment paisible… peut-être un peu trop paisible. 7 à la maison nous montre que parfois, même la perfection peut être un brin ennuyeuse, surtout quand elle est accompagnée d’une bonne dose de sermonnade bienveillante.

CinephageAiguise
3

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 1996

Créée

le 13 nov. 2024

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur 7 à la maison

7 à la maison
StillVauriens
1

Critique de 7 à la maison par StillVauriens

L'hyper-morale américaine de la famille Camden! Entre l'épisode qui dit "la cigarette c'est mal", "l'alcool c'est mal", "le sexe c'est très très mal"... et la fille Lucy qui fini pasteur comme papa...

le 12 nov. 2010

18 j'aime

2

Du même critique

Hippocrate
CinephageAiguise
8

Quand le stéthoscope pèse plus que l’épée et que la garde devient une épopée

Hippocrate, diffusée sur Canal+ en 2018, c’est un peu comme si Urgences avait passé six mois en stage intensif dans un hôpital français en pénurie de personnel, où l’humour noir se mélange aux...

le 8 nov. 2024

2 j'aime

D’argent et de sang
CinephageAiguise
7

Quand les billets font plus mal que les balles

D’argent et de sang, c’est comme un polar financier qui aurait décidé de s’habiller en thriller haut de gamme. Canal+ nous plonge dans une histoire où le crime ne se passe pas dans les ruelles...

1 j'aime

Le Jeu de la mort
CinephageAiguise
8

Quand la survie devient un art du spectacle

Le Jeu de la Mort, c’est comme si Battle Royale avait pris un cours de showbiz et décidé que la survie, c’est bien, mais avec du drama, c’est mieux. Cette série de TVING plonge ses participants – et...

1 j'aime