Adaptation par Gonzo du manga en 35 tomes de Yumi Tamura.
Ce qui pose dores et déjà la question du format. Adapter une série aussi longue est faisable, et comme à son habitude, Netflix ne commence qu'avec une saison de 12 épisodes. Donc, difficile de dire jusqu'où cette version nous emmènera. Néanmoins, les longs animes semblent désormais réservés aux shônen populaires et aux licences à succès ; or, 7 Seeds n'appartient à aucune de ces deux catégories, et cette adaptation nous arrive plusieurs années après la fin de la publication japonaise.
C'est bien son thème - la survie dans un monde apocalyptique - qui a offert à ce manga cette version animée alors qu'il ne faisait plus l'actualité. Quitte à sacrifier tout le reste ? Je ne l'ai malheureusement pas lu, la publication française ayant été interrompue avant que je m'y mette. Difficile donc, pour moi, de comparer les deux séries. Néanmoins, quand le titre d'origine fait 35 tomes, mais que les personnages ne peuvent pas faire trois pas dans les hautes herbes sans tomber sur un des sept entrepôts disséminés dans tout le Japon - comme de vulgaires chasseurs de tanks ou de Pokemon - c'est qu'il y a un problème. La lecture des résumés des quelques tomes sortis en France m'indiquera que le tome 10 correspond aux événements dépeints dans l'épisode 7. Ce qui oblige à faire des sacrifices, et d'après ce que j'ai déjà pu lire ça et là, le changement de médias passe aussi par des changements dans l'histoire même ; notamment concernant l'héroïne Natsu, cantonnée à un rôle de cruche apparemment bien plus marqué que dans le manga.
Évidemment, le premier effet, c'est que les événements s'enchainent très vite. J'ai évoqué la découverte des entrepôts, qui parait surtout le fruit du hasard tant tout est expédié. Mais c'est une impression globale. Plus grave : de nombreux passages semblent avoir été pensés pour être dramatiques, voire cruels envers les personnages, mais comme l'anime ne prend absolument pas le temps de s’appesantir dessus, cela réduit à néant toute la charge émotionnelle ; voire les rend carrément ridicules. Nous noterons tout-de-même que la série sait aussi s'affranchir de certaines contraintes ; d'où un épisode de 30 minutes, consacré entièrement à un événement traumatique. C'est aussi le meilleur épisode à ce jour, sans doute justement car, au-delà de ce qu'il raconte, le studio adapte son rythme pour nous faire ressentir la détresse qui s'en dégage. Mais cela doit rendre infiniment mieux en manga.
Voilà, c'est dit : cet anime donne avant tout envie de lire le manga. D'autant plus que je connais Basara - de la même autrice - et que je vois ce qu'elle pourrait faire avec une telle histoire, son style graphique (celui de l'anime ayant été lissé pour gommer son côté "shôjo" trop marqué) et sa science de la narration et de la mise-en-page. Mais aurons-nous un jour ce titre dans son intégralité en France ou aux US ? Rien n'est moins sûr. Et comme Netflix ne semble pas disposé à faire de la publicité pour son propre anime, la version papier n'en bénéficiera pas.
Alors attention : prise indépendamment, cette adaptation animée de 7 Seeds n'est certainement pas mauvaise. La base même de la série, les révélations assénées au fur et à mesure, la découverte du monde et de ses survivants, tout cela fonctionne et permet effectivement d'obtenir une série agréable à regarder. La technique ne suit pas toujours, notamment concernant certains CGI bien affreux, et suivre la survie de groupes séparés se fait sans doute plus aisément dans le manga. Surtout, comme indiqué tantôt, elle semble trop souvent passer à côté de son potentiel. Mais elle se laisse suivre sans déplaisir, et propose quelques vrais moments de tension et de drame. Toutefois, certains passages grandiloquents auront fatalement plus de mal à passer sous ce format. Je veux lire les bouquins.