Dans le fond, Dexter est un conformiste absolu ; il se résigne, se range… au point que ses meurtres sont sa seule démarcation. Tout chez lui est banal et triste. Si ce conformisme est une couverture, utile et exploitable souvent, c’est aussi régulièrement un cocon. Un nid douillet pour abriter tous ses manques.
Étonnant aussi comme cet ange meurtrier se fait le bras droit du bon sens et de la morale alors qu’il se contente de suivre un code et de se remettre à une éthique le dépassant.
Dexter est aussi un grand pervers, une sorte d’ultra-conservateur subversif, tout au moins il est l’instrument de telles valeurs. En effet il parvient à légitimer les crimes qu’il commet en défoulant ses pulsions sur d’autres assassins : autrement dit, des individus qui "l’ont bien mérité".
Et Dexter prend son rôle de justicier très à coeur et très au sérieux ; c’est presque un honnête citoyen dont la bonté doit rester masquée (sous cet angle, tout devient quasi héroique).
C’est comme si ses crimes lui donnaient consistance, absorbait son vide et le mutait en quelque chose de plus humain. Parce qu’il applique la vengeance de victimes évaporées, il est un justicier de l’ombre, il est donc quelqu’un qui compte. Hannibal Lecter aussi prétend améliorer ou purger la société, mais il ne se prend pas tant au sérieux.
Paradoxe que Dexter ne s’avoue jamais. Et sa prise de confiance en lui à partir de la fin de la saison 3 l’éloigne plus encore d’un face-à-face authentique avec lui-même… ou il pourrait se rendre compte que derrière le vide et derrière le monstre, il y a un minable qui se ment.
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