Difficile de noter une série comme "Dexter", tant elle aura chuté en qualité, passant de show subversif à spin-off malgré lui de "CSI" en quelques saisons. Exemplaire et fascinante pendant quatre saisons, la série imaginée par James Manos Jr, d'après les romans de Jeff Lindsay, devenant, au fil des saisons, interminable et incohérente, pour ne pas dire pénible à suivre.
Ainsi, le temps de ses quatre premières années, la série nous offre un des spectacles les plus incroyables vu à la télévision, nous plongeant dans la psyché tortueuse d'un serial-killer menant une vie "respectable", coquille vide rêvant d'une humanité qui lui sera à jamais inaccessible, nous renvoyant tout au long des épisodes une image à peine déformée de nous mêmes, de nos bas instincts tenus en éveil. La série de James Manos Jr ne cherche pas à brosser le téléspectateur dans le sens du poil, le laissant se dépatouiller avec sa propre morale.
Ajoutez à cela des enquêtes passionnantes ne reculant jamais sur le gore, une liberté de ton encore inédite à la télévision, des personnages complexes incarnés à merveille par les comédiens (Michael C. Hall, parfait de bout en bout, trouve le rôle de sa vie) et des seconds rôles attachants et justes (le personnage de Debra Morgan en premier lieux, aussi névrosée que son frère), et vous obtenez un petit miracle télévisuelle, se concluant sur une fin de saison bouleversante et tétanisante, comme on en vois rarement.
Puis, doucement mais sûrement, victime de son succès, le show continue inexorablement sa course vers le néant, prolongeant inutilement un récit qui ne demandait qu'à être bouclé, devenant de plus en plus anecdotique au fil des années, allant même jusqu'à pervertir les intentions initiales, le téléspectateur devenant carrément insensible aux agissements pourtant ambigus de Dexter.
Les enquêtes finissent par toutes se ressembler, les retournements abracadabrantesques se multiplient, les protagonistes se vident de leur substance quand ils ne deviennent pas antipathiques (mention spéciale pour Jennifer Carpenter et ses "fuck" à chaque phrase), bref, notre intérêt se fait la malle, jusqu'à une conclusion stupide et peu crédible, nous laissant avec un sale arrière-goût au fond de la bouche.
Personnellement, je préfère me rappeler de cher Dexter à ses débuts, zappant sa chute lamentable pour ne conserver dans ma mémoire que ses glorieuses années, purs moments de tension et de suspense, instants presque miraculeux qui auraient mérité un meilleur final.