Live suit une équipe d'environ 15 employés dans un commissariat dont des cadets, les nouveaux, etc. Les nouveaux sont le premier point d'attache de la série: en même temps que le téléspectateur ils se plongent pour la première fois dans des situations réelles. Le métier fait que le rythme de la série est forcément très soutenu, avec généralement une ou deux affaires par épisode d'une heure.
Parmi les nombreux cas, on retrouve régulièrement les plus grands problèmes de la Corée: l'alcoolisme. En 2014, ils buvaient 2x plus d'alcool fort que les russes, la proportion d'alcoolique est de 6-10% chez les hommes (moyenne mondiale à 4). Ce problème provoque 76% des cas de trouble à l'ordre public, et 44% des violences conjugales. A Séoul, 9 femmes sur 10 disent avoir déjà été agressées, physiquement ou psychologiquement. De plus, la réaction à ces violences est souvent passive parce que plutôt "imposé" par cette société extrêmement patriarcale.
Live dépeint donc beaucoup de ces choses, alors les scènes de crime nous coupent régulièrement le souffle. La série est cruelle mais c'est important de se confronter à la réalité plutôt que de l'éviter. Et justement, Live semble relativement réaliste et produite de façon à ce qu'elle soit plutôt bien adaptable au public occidental. Ce n'est certainement pas pour rien que le programme est alors un "Original Netflix".
On se confronte aux peurs des policiers, au non droit à l'erreur, aux bavures, à l'horreur des scènes, au danger de mort. Aux femmes qui subissent et pardonnent, qui veulent garder le silence, par honte d'elles-mêmes et/ou en pensant protéger les enfants. Tout ce quotidien qui vient par la force des choses déstabiliser la vie familiale ou sentimentale des policiers. Avec toutes ces choses citées, la grande réflexion de la série se tourne plus globalement vers le sens du devoir de la police coréenne et nous interroge sur l'ingratitude du métier, notamment du fait d'une opinion publique qui n'exigerait pas moins que d'arrêter tous les criminels sans usage (ou presque) de la force.
La force de la série vient aussi de l'excellent équilibre des affaires et des situations rencontrées. On se demande toujours quelle est/était la bonne (ré)action à avoir, sans en obtenir la réponse et ce malgré les autres réflexions des supérieurs hiérarchiques, etc. C'est toute la contradiction de leurs "règles" qui incitent à réagir de manière froide et posée pour leur propre sécurité et d'une réalité du terrain beaucoup plus complexe qui en encourage à se mettre en danger pour sauver des vies.
Live rempli bien son défi "Rectify" d'amener aux larmes sur la quasi intégralité des épisodes. Sur son thème, on ne peut rien reprocher à la série qui complète tout ses objectifs. On en sort épuisé et donc à l'inverse de mes autres séries favorites tourner la page (sans réclamer de rab) est un peu plus simple.