Une série animée qui survit à travers le souvenir de l'enfance...
Aujourd'hui, nous allons nous lancer sur une rétrospective critique des adaptations de notre serviteur arachnéen, que ce soit sur petit ou grand écran. Je critiquerai seulement les adaptations que j'ai connues, cela va de soi.
Tout d'abord, faisons un petit retour sur un dessin-animé bien connu des enfants qui ont grandi dans les années 90 : j'ai nommé Spider-Man, L'Homme-Araignée (1994).
Spider-Man, héros populaire américain, avait connu bien avant des incarnations peu brillantes dans les années 70. Le résultat final tenait plus de la gaudriole costumée à peine ridicule que d'un quelconque héroïsme attendu, quand il n'était pas repris par les Japonais dans le but d'y incorporer leurs codes.
C'est donc en animation que le blason de l'homme-araignée a été redoré auprès du public, bien malgré ses tentatives innombrables sur grand écran. Cette série animée, diffusée entre 1994 et 1998, envisagée d'abord comme suite au film prévu à l'époque par James Cameron, s'est ensuite émancipée grâce au soutien du créateur du personnage en personne Stan Lee, siégeant ici producteur exécutif, qui eut l'idée improbable de raconter tout le florigène d'intrigues écrites sur papier par le biais du petit écran. Pari audacieux, mais hautement relevé puisqu'en cinq saisons, toutes les aventures de l'homme-araignée vécues en planches de BD se retrouvent retranscrites comme promis en animation. Ainsi, les fans retrouveront l'univers qu'ils ont tant chéri sur papier, tandis que les néophytes apprécieront à apprendre ce qui s'est réellement passé autour de ce super-héros attachant, dont sa qualité essentielle est d'intéresser tous les publics grâce à des problématiques universelles qui nous concernent tous (les responsabilités, la mort des proches, l'entrée dans la vie active, le sens du devoir face à des situations compromettantes).
L'animation respecte graphiquement l'esprit coloré de la bande-dessinée, mais - et c'est là que je vais exposer ma critique personnelle - elle est écrasée par son manque de budget flagrant. Enchaînant les personnages dessinées avec des incrustations très désagréables d'images de synthèse (la ville de New-York en intégralité), elle est exécutée sans réel génie, ne faisant que reprendre les designs des personnages en BD tels quels et en recopiant de façon extrêmement pauvre les mêmes plans. Cela donne une animation globalement pauvre et finalement très kitsch, tant sa rigidité est criarde.
Et puis, nous arrivons au principal problème que j'ai avec ce dessin-animé depuis mon enfance : ses créateurs ne comprennent pas la notion de création. C'est bien simple : les designs des personnages, s'ils peuvent passer en BD, ne sont pas convaincants passés au petit écran. Tout simplement parce que ce qui a fonctionné auprès du public en bande-dessinée ne touchera pas forcément les téléspectateurs de la même manière. Malheureusement, l'idée de retranscrire absolument toutes les histoires accouchées sur papier (des origines des ennemis aux clones, en passant par le symbiote et les retournements de situation liés au Bouffon Vert) est certes ambitieuse, mais est perdante en fin de compte, car cela n'apporte strictement rien au principe d'adaptation. Nous avons tous ce sentiment contradictoire face à une adaptation : celui de voir autre chose qui nous a été présenté précédemment mais de regretter l'absence de ces éléments liés à notre adoration du matériau d'origine. Le débat sur ce que doit être une véritable bonne adaptation est toujours réactualisé à chaque sortie de variations proposées en films, séries, jeux vidéos ou autres médias, mais il m'est incapable d'affirmer que ce dessin-animé est une bonne adaptation de l'homme-araignée selon mon point de vue. Or, si je vais recevoir sûrement des réactions négatives concernant mon avis, je tiens à signaler qu'une adaptation est une interprétation qui doit nourrir le sens du matériau originel, ce qui n'est pas le cas ici pour moi. Le simple fait de vouloir raconter absolument tout ce qui a déjà été énoncé sur le personnage n'est pas forcément gage de qualité quand le rythme de cette série me semble saccadée à force de mettre en scène des intrigues aussi nombreuses et alambiquées.
Si la série de Spider-Man reste plaisante à regarder, elle annule son statut d'adaptation lorsqu'on se rend compte qu'elle ne fait que retranscrire le matériau d'un média à un autre, sans l'ombre d'un véritable point de vue sur ce qu'elle traite (contrairement à la somptueuse série animée Batman de Bruce Timm et Paul Dini, pour citer la concurrence). Ajoutez à cela une animation discutable et un doublage français peu convaincant (Nicolas Marié est bon de manière surprenante dans le rôle de notre héros arachnéen, tandis que les voix les plus aiguës telles que celle du Caïd renforcent l'aspect grotesque de l'ensemble) et nous avons finalement une série animée correcte mais qui ne survit de nos jours que grâce au souvenir nostalgiques que certains téléspectateurs ont gardé depuis leur enfance, contrairement à mon fait.