The Chaser, Memories Of Murder et tant d'autres. Imaginez ce même génie transposé dans une série de 16 épisodes dont chaque épisode durerait plus d'une heure. C'est ce qu'ils ont fait avec Stranger.
Si bien que, il est très difficile de voir une enquête policière portée en série qui serait plus ambitieuse et mieux écrite que celle-ci. En série moderne qu'elle est, la différence notable avec l’indéboulonnable Memories Of Murder est évidemment la professionnalisation des corps de métiers de la justice, ainsi que la populaire corruption du pouvoir. Stranger n'a en revanche pas ce point commun des classiques thrillers asiatiques : Être sinistre et violent.
Pendant toute sa durée, Stranger ne se préoccupe exclusivement que d'une enquête. Aucune histoire secondaire. Mais avec tellement de noeuds dramatiques et de potentiels coupables pour vous garder en haleine avec brio. On ne constate aucun faux rythme, aucune scène superficielle, sur 18 heures exclusives d'enquêtes ! C'est un coup de maitre.
Malgré la froideur logique des personnages compte tenu des événements, on s'attache fortement à la personnalité du cerveau de l'enquête : Le non corrompu procureur Hwang Shi-Mok. Tout comme aux mimiques et au timbre de voix dont je suis fan de l'actrice Bae Doo-Na (qu'on a vu dans Sense8) qui nous donne les rares occasions de sourire.
Stranger a malheureusement le défaut de toutes ses qualités : Une enquête trop bien écrite mais si complexe qu'il m'a été impossible de ne pas me perdre parmi les dizaines de personnages qui tournent autour de l'enquête. Qu'elles soient du côté de la justice ou des potentiels coupables, la frontière entre les deux étant de toute façon invisible. Young Eun-Soo, Lee Chang-Joon, Lee Yeon-Jae et j'en passe. Comment ne pas s'y perdre avec ces noms ? D'autant plus qu'ils peuvent se nommer par leur prénom, leur nom, leur prénom+nom ou leur nom+prénom (+ prononciation incompréhensible), si ce n'est pas par la fonction. Et qu'évidemment, ils ont tous un nom composé dont certains partagent le même prénom ou nom. Un sacré bordel qui nécessitera votre mémoire et concentration maximale. Même la série porte trois noms différents et trouver sa fiche SensCritique n'était pas partie aisée. C'est vous dire si rien n'est simple.
Heureusement, la série utilise fréquemment des flashbacks (qui dévoilent ou non de nouvelles scènes) pour nous resituer dans un bon contexte. Ce n'est pas forcément suffisant, mais en tout cas primordial.
C'est difficile de leur en vouloir puisqu'il s'agit certainement pour moi d'un problème d’assimilation des visages ou noms lié à mon origine. Je n'ai jamais été totalement à l'aise avec ça sur les films asiatiques. Et comme ici, tout s'accentue dans les profondeurs... Bon, on a quand même + de 15 heures d'enquêtes pour s'y familiariser. On peut y arriver en restant patient et concentré, quitte à faire des pauses et revoir le casting (ce que j'ai fait). Pour tout le reste, Stranger est synonyme de perfection. C'était 10 comme Misaeng ou My Mister sans ça.