Ainsi arrive Tales of Symphonia ! Dévoilé en 2007 et adapté du jeu vidéo éponyme, premier de la franchise à avoir posé le pied sur le territoire européen. Toujours dans un mélange Fantasy Épique et Science Fantasy, nous retrouvons un nouveau groupe de héros (et amis, les deux sont liés) pour une nouvelle quête qui elle, par contre, reste à peu près la même - du moins pour l'intrigue secondaire : sauver les deux mondes. Et c'est à ce propos que cette série m'a pas mal interrogé : les différentes séries sont-elles liées ? Se déroulent-elles dans le même monde, dans le même univers a proprement parler ? Il existe, en effet, des récurrences, des clins d’œil et autres références mais il semblerait que les mondes changent constamment ; après, je ne suis encore qu'un novice dans ledit univers des Tales of et espère, notamment par le biais des jeux vidéos, en apprendre un peu plus, ce qui me permettra d'avoir de bonnes bases pour répondre à ces interrogations. Pour le moment, concentrons-nous sur la série en évitant, il va sans dire, de rappeler que je n'ai absolument pas essayé le jeu vidéo éponyme d'où est adapté cette série.
Lloyd, Génis et Colette sont trois amis vivant paisiblement dans un petit village perdu au milieu de la campagne. Néanmoins, cette belle vie tranquille va s'effondrer lorsque Colette se retrouve destinée à endosser le rôle d’Élue pour ressourcer la planète en Mana, énergie vitale (déjà mentionnée dans les séries précédentes) permettant le maintien de la vie dans les différents mondes. Lloyd ne peut s'empêcher d'accompagner son amie et va mettre à jour une sombre manipulation.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.
Avant de commencer, je me dois de préciser que j'ai visionné la série d'une traite, soit les onze épisodes proposés. En soi, je vous l'accorde, rien de remarquable, sauf qu'il se trouve que ces épisodes sont séparés en trois arcs que je n'avais pas du tout relevé (malgré quelques indices fort éloquents tels que les différences de génériques). Ce qui fait que je n'ai absolument pas pensé à prendre des notes pour pouvoir proposer (à l'image de la structure proposée par SensCritique) trois critiques pour les trois arcs de la série. De ce fait, je vais apposer ici mon appréhension sur la série entière et vais essayer de rédiger quelques remarques propres aux et sur les deux autres arcs.
-Deuxième arc
-Troisième arc
Voilà pour les formalités, passons à la critique.
Concernant l'histoire, force est de constater, même si Tales of Phantasia allait déjà dans ce sens, que la compréhension globale de l'intrigue se fait de mieux en mieux. A comprendre qu'il ne semble plus obligé d'avoir des bases vidéoludiques pour comprendre toutes les péripéties racontées, en plus du fait que nous ne sommes plus complètement jeté dans l'histoire sans explications. Ainsi, ce sont sous de meilleurs auspices que l'on commence l'aventure, quand bien même on ressent le besoin de jeter un coup d’œil au jeu vidéo qui regorge d'explications plus limpides et détaillées que la série, étant donné qu'il s'agit tout de même du matériel de base. Et maintenant que j'écris ces lignes, il est en effet flagrant que les différents arcs étaient, justement, assez différents les uns des autres, quand bien même aucune séparation concrète (si ce n'est peut-être le temps de parution à la télévision) venait l'illustrer. Nous avons donc, tout au long de la série, une évolution, une gradation scénaristique avec un premier arc que l'on pourrait qualifier de mignon, voire même de basique dans le sens où on nous montre ce que la Fantasy a fait de plus banal : une quête initiatique, couplée à une mission d'escorte. C'est durant ce premier arc qu'apparaît également l'élément qui - je ne sais toujours pas clairement pourquoi - m'embête un peu et ce, depuis la série Shingeki no Bahamut : les éléments christiques, ce qui inclut les anges. Concrètement, ce n'est pas parce que le sujet est mal amené ou mal utilisé que cela me rebute. C'est vraiment un ressenti personnel qui, pour je ne sais quelle raison, me fiche la trouille. Mais même avec cette difficulté subjective, le premier arc a le mérite d'être divertissant et d'ancrer le spectateur dans l'univers dévoilé. Concernant le deuxième arc, il est le plus intéressant pour ce qui est du rythme, de la dynamique de la série avec pas mal de rebondissements, de l'action à foison et surtout de nouveaux personnages (peut-être même trop, en un sens) qui animent parfaitement les différents moments de la série. C'est véritablement le troisième arc qui me dérange, non pas dans son divertissement qui est toujours aussi satisfaisant mais plutôt dans le tempo : j'ai eu cette impression, malgré des durées d'épisodes plus que convenables (en moyenne une quarantaine de minute), que les résolutions des différentes intrigues dont celle principale étaient résolues à la va-vite, de manière assez insatisfaisante comparé aux enjeux qui avaient été proposés durant cet arc. Mais, de manière globale, l'histoire est vraiment sympathique, notamment grâce à cette "prise d'indépendance" vis-à-vis du jeu vidéo à contrario de Tales of Eternia ou Tales of Phantasia qui se proposaient presque exclusivement aux joueurs. Néanmoins, la série ne parvient pas à éviter certains défauts tels que les évidences concernant certains mystères : on devine longtemps à l'avance ce qui va se révéler, rien ne surprend vraiment. Couplé à ça certains "non-sens", des actions qui ne sont pas expliquées et qui sortent de nulle part ou encore à des deus ex machina vraiment trop faciles, voire presque non naturels (même si, par définition, le deus ex machina n'est pas ce qui a de plus naturel), forcés. De petits détails négatifs qui n'entachent cependant pas assez le travail effectué sur la série, travail qui plaira aux spectateurs en amenant un agréable divertissement bien que prévisible et habité par les clichés habituels que l'on reconnait aux productions orientales.
Pour ce qui est des personnages à présent, un des meilleurs points de la série bien qu'il y ait certaines coquilles.
Lloyd est un personnage principal intéressant, sympathique à suivre mais qui a le syndrome - je n'ai pas d'autres exemples pour l'instant - de Bell Cranel dans l'univers DanMachi : il est affreusement beaucoup trop gentil et tellement apte au pardon que ça en devient presque surprenant. En soi, je n'ai rien contre mais le problème, c'est que l'on détruit en un sens le personnage, dressant un portrait de bon samaritain envers ses alliés mais surtout envers ses ennemis, enlevant du dramatique aux moments les plus propices. Toutes révélations qui devraient marquer et qui marquent profondément notre héros sont passés sous l'acceptation on ne peut plus rapide de ce dernier, grâce à son pardon dorénavant légendaire. Mais c'est en parti ce qui sublime sa dévotion envers les idéaux qu'il défend et envers les ami(e)s qu'il aime et soutient ; une récurrence que l'on va trouver un peu partout dans la série et également dans la bouche de presque tous les personnages - seul le personnage de Régal Bryant, accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, délaisse le pardon "facile" en adoptant une vision plus sombre de la confiance ou, plus précisément, de la bonté. Le personnage de Génis, adjuvant principal de notre héros, est probablement celui qui va amener le plus de révélations, avec sa grande sœur. Il endosse également le rôle de petit comique de service pas forcément désagréable qui laissera quelques séquences souriantes. Concernant le personnage de Colette, on est basiquement dans le schéma de la protagoniste sans réel impact, qui n'est présent que pour motiver le héros quand bien même elle a le droit à quelques scènes marquantes.
Bien évidemment, ce trio d'ami est entouré par une ribambelle de protagonistes hauts en couleur, chacun respectant un certain trait de personnalité (à l'image d'autres productions ; rien de neuf sous le soleil). Le fait est que la plupart de ces personnages sont attachants, accédant tous à un certain moment à un temps de "gloire", de présentation plus approfondie. Le problème est que Lloyd a quelque peu déteint sur les autres personnages (à moins que ce soit l'inverse, ce qui semble plus logique si on observe la série dans sa globalité), ce qui fait que la bonté est présente en chacun d'eux - bien que plusieurs tensions germent entre eux par moment. Une grande communauté donc plaisante et attachante avec des relations amusantes dont on pourrait deviner aisément les moments hors écran. Concernant les antagonistes, ou plutôt l'antagoniste, on est sur un archétype assez différent de Dhaos (Tales of Phantasia) dans le sens où Dhaos avait une logique derrière ses agissements, ce que Mithos Yggdrasil n'a pas ; du moins, c'est purement égoïste et, après réflexion, assez gros... C'est donc un méchant plutôt amer qui laissera plus perplexe qu'autre chose, malheureusement. Dans le tas, nous allons avoir de nombreux personnages secondaires également assez attrayants, concluant le paysage foisonnant des protagonistes et apportant révélations et rebondissements en pagaille.
Pour la patte graphique, on a un embellissement. En même temps, une dégradation aurait été à interroger. Dans tous les cas, le rendu est beau avec des séquences vraiment magnifiques bien que en petit nombre. Le tout demeure dynamique et fluide, à l'image des deux séries précédentes. Les lieux sont peut-être moins nombreux, ce qui n'empêche pas de proposer du détail et du rendu de qualité. Néanmoins, on pourra remarquer quelques séquences répétées, en dehors des légendaires flashbacks.
Pour les combats, ils sont rythmés et réguliers. Le petit hic serait que tous les personnages, hormis le héros principal, possède des sorts à incanter, certes plutôt variés, mais qui prennent énormément de place, d'importance sur des combats plus traditionnels. Mais le tout demeure fluide et spectaculaire, quand bien même certains plans semblent irréalistes ; en même temps, on ne regarde pas un animé pour juger le réalisme des combats, ce serait un très mauvais exercice.
Pour les musiques, on commence véritablement à avoir de la qualité (subjective). Les génériques, quand bien même ils ne sont toujours pas ma tasse de thé, en imposent et sont diablement efficaces (en rythme et en spoil d'ailleurs ; comme d'habitude). Mais c'est une amélioration (toujours aussi subjective) plus que bienvenue avec des mélodies légères et des chants émouvants.
Tales of Symphonia est, pour le moment, ce qui a été proposé de mieux - fort à parier que la suite sera meilleure, il va sans dire. Une aventure, certes pas toujours originale mais qui aura la particularité de nous maintenir dans son immersion, dans son univers grâce à des personnages appréciables dont les histoires sont assez variées pour nous affecter de différentes émotions. On arrive également à un stade où les intrigues sont mieux construites, dans le sens où on commence à poser plus de bases et d'explications pour les novices sans pour autant, du moins peut-on le croire, "saboter" le plaisir des vétérans de la franchise. Quoi qu'il en soit, je recommande cette série, peut-être même plus que les deux premières séries dévoilées. En espérant que les suites seront mettre à profit les améliorations effectuées pour proposer des rendus et des divertissements de qualité.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !