Beaucoup plus shônen et ciblant une audience plus « jeune » que Bubblegum Crisis: Tokyo 2040 (Hiroki Hayashi ; 1998), cette courte série s'articule autour de deux personnages principaux dont les différences ne les empêcheront pas de se rapprocher – à la manière de certaines productions hollywoodiennes à succès telles que Double Détente (Red Heat ; Walter Hill, 1988) ou L'Arme Fatale (Lethal Weapon ; Richard Donner, 1987), mais on y sent bien aussi l'influence de séries TV comme Starsky et Hutch (Starsky and Hutch ; créée par William Blinn, 1975-1979) ou Deux Flics à Miami (Miami Vice ; créée par Anthony Yerkovitch, 1984-1989).
Définitivement orienté action et suspense, AD Police s'affirme bien plus comme une distraction qu'une œuvre d'art, voire un complément de Tokyo 2040 et ainsi davantage une production destinée aux aficionados de la licence qu'un réel stand alone même si ces deux histoires peuvent être vues indépendamment. L'ambiance s'y montre assez sobre et plutôt avare en terme de style dans les couleurs et les formes, renouant ainsi avec les racines de la franchise, soit la fin des années 80 : le dépaysement du spectateur peu habitué aux extravagances des productions de science-fiction y est donc plutôt minimal. On y trouvera aussi quelques clins d'œil discrets au genre « super-héros » notamment dans les costumes des agents de l'AD Police.
Bien posée, l'intrigue se développe d'une manière plutôt convenue mais qui sait accrocher le spectateur avec les inévitables séquences d'action et autres effets pyrotechniques, tout en se basant sur un crescendo bien amené du mystère qui plane sur le personnage de Hans. Si les premiers épisodes proposent une bonne qualité d'animation, celle-ci a une assez nette tendance à se dégrader tout au long de la série au fur et à mesure que le mystère et l'ambiance s'épaississent, laissant ainsi un peu plus de place à l'atmosphère qu'à l'action pure. On apprécie de voir le « Complexe de Frankenstein » (1) présenté d'une manière originale et contemporaine qui reflète bien l'inspiration cyberpunk de Tokyo 2040 et place ainsi AD Police dans la continuité logique de l'œuvre originale.
Sans aucune prétention intellectuelle que ce soit, en tous cas comparé au reste de la franchise, mais sans être une production réellement « simple » non plus, cette série est le candidat idéal pour une ou deux soirées en comité réduit, plutôt masculin, qui cherche un bon divertissement.
(1) cette expression désigne la peur du créateur envers sa créature et la rébellion possible de cette dernière contre son « père » ; dans le genre de la science-fiction, on la trouve surtout comme thème central des récits présentant des robots qui acquièrent une forme d'autonomie intellectuelle – en particulier dans l'œuvre de l'écrivain Isaac Asimov (1920-1992).
Note :
Cette production est une série dérivée de Bubblegum Crisis: Tokyo 2040 mais se situe chronologiquement quelques années avant les aventures des Knight Sabers. AD Police eut aussi sa propre série dérivée sous la forme d'une OVA intitulée Parasite Dolls (2003).