Si l'on en croit l'adage populaire, les gens ne veulent pas savoir comment sont faites deux choses : les saucisses et la politique.

Si vous êtes un peu plus curieux que cela ou si l'adage populaire est faux, vous vous demanderez peut-être à quoi ressemble la vie de Barack Obama. Eh bien NBC a depuis longtemps exaucé votre souhait, peut-être même sans que vous le sachiez.

Vous pouvez donc faire comme moi : devenir complètement accro à The West Wing (A la Maison Blanche en français). Cette série, en effet, vous plongera au coeur de l'aile Ouest, là où se trouvent le bureau oval ainsi que les conseillers médiatiques et politiques de la Maison Blanche.

Et NBC a fait les choses en grand. Crée par Aaron Sorkin (réalisateur de la bluette Le Président et Miss Wade, mais qui gagne à être revu car il contient en germes beaucoup d'éléments qui seront recyclés au cours des premières saisons, mais aussi auteur du script du récent The Social Network), la série est servie par une distribution impeccable, des premiers aux plus petits rôles. Avec, pour commencer Martin Sheen (rien de moins) en Président des États Unis.

Au fur et à mesure des saisons, des "guests stars" viendront apporter leur pierre à l'édifice et présenter leurs respects à Mr President. Elles se nomment Glenn Close, Matthew Perry, John Goodman... et même Yo-Yo Ma (qui a joué pour l'inauguration de Barack Obama), Bon Jovi et les Foo Fighters (à noter que seul Bon Jovi ne jouera pas une note devant la caméra, les scénaristes ont donc des oreilles) !

Les deux premières saisons, malgré une écriture au cordeau, pêchaient parfois par excès de bons sentiments très "à l'américaine". Le 11 septembre changera la donne. Les intrigues deviennent alors de plus en plus noires, et les personnages de plus en plus ambivalents. S'ils tentent toujours de faire avancer leurs pays dans le bonne direction avec les meilleurs sentiments, ils sont aussi forcés l'un après l'autre de faire des compromis de plus en plus dur. Le sommet étant sans doute l'assassinat politique d'un chef d'état étranger suite à un complot terroriste contre les USA déjoué de justesse. Les personnages s'éloignent les uns des autres, Léo et le président, Josh et Toby, Josh et Donna...

Les deux dernières saisons, quant à elles, se concentrent sur la course à la Maison Blanche, des primaires, jusqu'au jour d'inauguration du nouveau président. Ces deux saisons se concentrent entre autres sur un petit candidat inconnu, Matthew Santos, un latino américain qui parle d'espoir et de changement (ça vous rappelle quelqu'un, c'est normal, le personnage est inspiré entre autres de Barack Obama et non pas l'inverse comme on le croit souvent). Réussira-t-il son pari et sera-t-il le premier président latino ?

L'épisode du débat (un épisode réalisé en direct !) pourrait être montré dans les écoles tant il est une introduction parfaite aux différences fondamentales qui séparent les démocrates et les républicains. A noter qu'à l'issu de cet épisode, les deux candidats sont renvoyés dos à dos, et que l'issu du scrutin demeure incertaine. Ce qui se conçoit totalement d'un point de vue scénaristique mais qui a aussi le mérite de présenter les deux partis avec une certaine objectivité. Au cours des années écoulées, les républicains les plus intelligents et les plus sympathiques des Etats Unis, c'est sur le petit écran qu'il fallait aller les chercher.

Dans l'avion qui les emmène loin de Washington à la toute fin du dernier épisode, l'ex-première dame demande à quoi il pense à son mari qui vient de passer la main à son successeur : "A demain.", répond-il.

Après sept saisons, nulle doute que vous pourrez sans problème faire visiter l'aile Ouest, bureau oval compris, à n'importe qui. Nulle doute aussi que vous serez plus intelligent et plus cultivé.

A la fois hautement divertissante, (la série ne s'arrête jamais et les longs plans séquences dans les couloirs de la Maison Blanche sont devenus sa marque de fabrique), elle est aussi étonnamment documentée. A tel point que les décors n'étaient pas ouverts à la visite pour raisons de sécurités ou que les scénaristes prévoyaient crises nationales ou internationales avec une incroyable clairvoyance. The West Wing nous décrit un monde où l'action ne s'arrête jamais parce qu'elle nous parle justement d'un groupe de gens dont le rôle est d'être présent en cas de pépin partout ailleurs.

Elle démontre aussi que l'on peut intéresser monsieur tout le monde à des choses qui n'ont rien de divertissantes : car on peut se passionner pour ces épisodes dont l'intrigue principale est "Le budget sera-t-il bouclé et voté à temps ?" pour ne donner qu'un exemple parmi les plus arides (imaginez les scénaristes français essayer de se colleter avec ça !).

Il est aussi à noter que les personnages, si intelligents travailleurs et volontaires soient-ils ne cessent de se tromper, de faire fausse route et souvent avec les meilleures intensions. Comme le dit si bien le personnage de Leo McGarry vers la fin de la série, un mandat ne dure pas 4 ans, il dure 18 mois. Ensuite vous pensez aux élections de mi-mandat, puis à être réélu. The West Wing est l'histoire d'un énorme échec. D'un échec qui n'a de cesse de se répeter, administration après administration. Trop de variables, trop de priorités et d'imprévus à gérer font de la politique, quelle qu'elle soit, un jeu de mikado géant où le meilleur n'est que celui qui, finalement, à réussi à faire moins de mal que les autres.

Ajoutez un président atteint de sclérose en plaque, un chef du personnel ancien alcoolique, une steady cam qui se faufile partout dans les couloirs, des journalistes qui hurlent C.J !!!! C.J !!!! Et vous obtenez une série hautement addictive. Je vous laisse, j'ai besoin de ma dose...
lemoj
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le 17 août 2011

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