The Continuing Story of Finn the Human
Je n’ai pas de honte (et ne vois pas ce qu’il y aurait d’honteux) à avouer, lecteur, que je suis proprement fasciné par « Adventure Time ».
Ce n’est pas pourtant à l’humour absurde, au charme désuet d’un surréalisme primaire, enfantin, que je dois cette fascination.
Ce n’est pas non plus au design hilarant des personnages et du monde dans lequel ils évoluent, ni à l’animation virtuose qui réussit à maintenir toujours à l’image un peu d’humour, un peu d’action, ou un peu de ce sentiment étrange d’une aventure en cours que nous aimions à trouver case après case dans nos meilleures BD et que, certainement, nous y cherchons encore.
Ce n’est pas encore à l’utilisation intrigante de compositions étranges et décalées de par leur maturité malvenue dans un monde d’enfant.
Ce n’est pas même le talent avec lequel le spectateur se voit offrir le luxe ultime de l’interprétation multiple dans un monde simple et cohérent qui aurait tout aussi bien pu se suffire à lui-même. Mais pas de fainéantise ici, Pen Ward ne vous sacrifiera aucune des profondeurs possibles à son œuvre.
Ce n’est pas enfin l’intelligence avec laquelle il arrive à traiter des sujets les plus graves et les plus tabous, ni, même, la finesse et l’humour avec lequel il y arrive, ce dont peu de gens peuvent se vanter.
Non, ce qui me fascine le plus dans « Adventure Time », c’est l’aventure absolue d’un enfant espiègle, naïf et de son compagnon patibulaire dans un monde sans loi, sans règle, sans vérité qui existe uniquement pour qu’ils aient le loisir de l’explorer, le découvrir, le révéler. Une ode à l’errance permanente, l’accomplissement ultime de tout ce qui m’hypnotisais déjà chez Cartoon Network alors que j’étais enfant moi-même.
Tu trouveras surement, lecteur avisé, qu’il y a dans ce plaidoyer autant volonté de justification adulescente de la part de votre serviteur que de pure défense d’une œuvre qui n’en mérite à priori pas tant. J’aimerais croire pourtant que si tu faisais l’effort de te jeter dans le monde de Ooo, d’en accepter les codes, d’en découvrir les personnages, d’en saisir toutes les angoisses, toutes les craintes et toute la folie, tu finirais toi aussi par en apprécier la saveur.
Sinon quoi, lecteur, j’ai bien peur que tu ne sois, au fond, un être bien triste…