Parler des petites gens c'est ce que fait Ricky Gervais dans ses séries. Il ne le fait pas à la façon d'un Danny Boon, ou d'un Franck Dubosc, et encore moins comme ces derniers peuvent le faire dans leurs films respectifs. Non, l'homme n'est pas un tractopelle de l'humour, son travail est plus fin. Ricky Gervais allie comme dans ses précédentes productions, l'humour à la mélancolie tout en jonglant avec une dose de tristesse. L’humeur se plaît à changer comme le fait la vie avec chacun d'entre nous. Pas plus tard qu'hier, sur la route j'ai été coincé dans un embouteillage. Les voitures n'avançaient qu'au compte goutte. Quelques instants après une sirène s'est fait entendre, la route a été dégagée pour laisser passer l'ambulance. Celle-ci s'est arrêtée un peu plus loin. Les deux ambulanciers sont descendu, l'un d'eux a ouvert la porte arrière du véhicule pour en sortir le brancard. De ma voiture je pouvais maintenant voir un homme allongé sur le sol sous la pluie. Les ambulanciers ont parlé quelques minutes avec les gens autour de l’homme, puis ils ont rechargé le brancard en laissant l'homme au sol et sont reparti. L'homme inconscient était là, entendu sous la pluie, il était allongé sur le trottoir devant un fleuriste. La situation était aussi terrible qu'ironique à la fois, avec cette pluie et les ambulanciers qui sont repartis à vide.
Tony est le personnage qu'incarne Ricky Gervais, il est un jeune veuf qui ne se remet pas de la perte de sa moitié. Cet homme passe son temps à se morfondre sur lui-même et à ne voir que ce qu'il a perdu. Il se repasse en boucle les vidéos de sa femme. Deux choses le tiennent à la vie, le chien dont il doit s'occuper et son neveu. Le reste il s'en fout royalement, plus rien n'a d’intérêt ni de valeur ou c'est que qu'il pense. Ce n'est pas son travail de journaliste local qui va le tirer vers le haut. Celui-ci consiste à aller voir, des gens qui pensent avoir des trucs exceptionnels à faire partager aux autres. Alors que ces choses ne sont que d’abominables conneries. Se taper des abrutis qui voient en une tache de moisissure sur un mur le visage de Kenneth Branagh, ou voir un type qui vit avec sa mère jouer de la flute par les narines, relève d'un absolu et hilarant pathétisme. Le second épisode est le plus drôle d'After life, il contient le joueur de flute, les autres épisodes ont certes des instants amusants, mais l'humour est nettement moins présent. Ricky Gervais trouve toujours le moyen d'ironiser les choses et de planter comme il faut la connerie humaine et c'est plaisant. Le personnage de Ricky Gervais a autant de défauts que les autres, il va mettre un certain temps à s'en rendre compte. Le centre de la petite vie de Tony c'est lui et rien d'autre, mais les autres aussi ont une vie et des combats à mener. On ne peut pas reprocher à Gervais de dire que tout le monde à sa place, même les plus beaufs et les crétins religieux. Il vaut mieux être quelqu'un de gentil et d'ouvert qu’être quelqu'un de méchant et cynique. C'est ce discourt qui vient clôturer After life, il est amené de façon trop abrupte pour ne pas voir les grosses ficelles dont se sert Gervais. Le personnage de la jeune journaliste n'est là que pour montrer que c'est possible, on le voit dès son arrivée. Elle n'a aucun intérêt si ce n'est de passer ce message, jeunesse l'avenir est à toi si tu t'en donne les moyens. On se serait bien passé de toutes ces choses grossières et de bons sentiments que véhicule à plusieurs reprises la série. Gervais cherche a tirer les larmes du spectateur, comment ne pas sentir son intention tant il le fait grossièrement. Le final est carrément gênant tant il plonge dans une morale insupportablement idiote.
Saison 2:
Tony n'a toujours pas remonté la pente. Il regarde constamment les vidéos de sa défunte femme. En gros il se trouve dans la même configuration qu’auparavant, mais il éprouve un peu plus de compassion pour ceux qui l'entourent. Ricky Gervais ne glisse plus grand-chose d'amusant dans cette seconde saison, il s'axe sur les bons sentiments. Il veut nous faire prendre conscience qu'il faut profiter des autres tant que c'est possible. Faut-il une série pour se rendre compte de cela? Tout est tellement évident que la réponse est non. Gervais enfonce trop le clou du pathos, il nous dit que rien n'a d'importance si ce n'est le bonheur, et qu'il faut tout faire pour le trouver, car il est accessible à tous. Et surtout il n'y a pas besoin d'aller le chercher bien loin, puisqu'il est à côté de nous. Cette suite patine grandement, elle n'apporte rien de plus que la saison précédente, elle y a même laisser des plumes en mettant tout le côté exécrable du personnage au placard. Le final comme celui de la précédente saison est vraiment lourdingue. Ricky Gervais n'arrive pas à insuffler le ton juste dans son After life. Tout cela demande un fin équilibre de construction, malheureusement cet élément essentiel n’apparaît jamais dans cette saison 2.