Ils étaient dix (ou And Then There Were None pour les puristes), c’est l’adaptation d’Agatha Christie qui te fait te demander pourquoi on n’a pas encore compris que les invitations mystérieuses sur des îles isolées, ça finit toujours mal. Sérieusement, si tu reçois un courrier anonyme t’invitant sur une île coupée du monde, prends tes jambes à ton cou. Mais nos dix personnages, eux, acceptent l’invitation comme si c’était une partie de Cluedo grandeur nature, sauf que là, il n’y a pas de Colonel Moutarde avec un chandelier, juste une comptine sinistre et des morts qui s’enchaînent plus vite qu’un thriller à rebondissements.
Dès le départ, tu sens que quelque chose cloche. Cette île, c’est l’incarnation parfaite du "on ne va pas en sortir vivant". Isolée, lugubre, et sans espoir de secours. Chaque personnage a un passé louche, et tu devines vite que leur petit séjour ne va pas se transformer en colonie de vacances. Leur hôte mystérieux, Mr. Owen, se fait un malin plaisir à les accuser tous d’un crime, avant de déclencher un jeu macabre où la règle est simple : un par un, ils y passent.
Visuellement, la série est un petit bijou. L’ambiance est oppressante à souhait, avec cette île battue par le vent qui semble dire à chaque plan : "Personne ne sortira d’ici." Les décors sont à la fois magnifiques et inquiétants, une vraie carte postale de l’angoisse. Et les personnages, eux, sont un peu comme des pièces d’un puzzle morbide : chacun a son petit secret, et tu te surprends à essayer de deviner qui va mourir en premier, ou qui est vraiment le coupable derrière cette mise en scène diabolique.
Mais voilà, malgré toute cette tension et ce cadre parfait pour un bon thriller psychologique, la série n’échappe pas à quelques longueurs. Si le suspense monte crescendo avec les morts qui s’accumulent, on se retrouve parfois à attendre qu’il se passe quelque chose. Certains moments traînent en longueur, et les personnages, bien que fascinants, manquent parfois d’une profondeur qui te ferait vraiment t’attacher à eux. Tu te surprends à te dire : "Bon, qui est le prochain à y passer ?"
L’intrigue, pourtant captivante, reste fidèle à la mécanique implacable d’Agatha Christie : une élimination progressive qui te fait suspecter tout le monde à chaque instant. Mais en 2015, avec toutes les versions déjà existantes de cette histoire, la série aurait peut-être pu prendre un peu plus de risques, offrir un twist plus audacieux ou une exploration psychologique plus poussée. Là, on reste dans un schéma classique, bien ficelé certes, mais sans grande surprise pour ceux qui connaissent déjà la célèbre histoire.
Côté casting, on retrouve de belles performances, avec des acteurs qui savent naviguer dans cette atmosphère pesante. Mention spéciale à Sam Neill, Charles Dance et Miranda Richardson, qui incarnent avec brio des personnages tourmentés par leurs péchés passés. Mais encore une fois, certains personnages, plus secondaires, auraient mérité un peu plus de développement avant de finir dans le trou.
En résumé, Agatha Christie : Ils étaient dix, c’est une adaptation solide, visuellement magnifique et pleine de suspense, mais qui souffre de quelques longueurs et d’un manque d’audace. Si tu es fan de l’œuvre de Christie ou que tu adores les huis clos où chaque personnage est potentiellement le prochain à tomber, tu trouveras ton compte. Mais si tu espérais une relecture moderne ou un twist inattendu, tu risques de rester sur ta faim… avant que l’île ne vienne te cueillir à ton tour.