Faire une série sur la situation de l'église catholique en France de nos jours, il n'y avait que Arte pour y penser.
Ainsi soient-ils va suivre, en trois saisons de huit épisodes chacune, la trajectoire de cinq étudiants qui vont entrer au séminaire des Capucins, en plein Quartier Latin. Il y a Yann est un jeune breton éduqué dans un catholicisme radical et Raphael appartient à une grande et richissime famille qui a des liens étroits avec les milieux politiques. Emmanuel est étudiant en archéologie et Guillaume, confronté à l'immaturité de sa mère, doit s'occuper de sa famille, en particulier sa petite sœur. Très vite, le personnage qui sort le plus du lot, parmi les étudiants, est José, banlieusard toulousain, ancien bandit ayant rencontré la foi lors d'un séjour en prison.
Très vite, les cinq personnages vont se retrouver tiraillés entre la vie dans l'église et les préoccupations du monde extérieur. Le séminaire, loin d'être un lieu clos, est un endroit ouvert au monde. Son directeur, le père Étienne Fromenger (Jean-Luc Bideau, dont on ne chantera jamais assez les louanges), l'a voulu ainsi. Dans leur cursus, les étudiants doivent suivre des cours de philo en université. Et surtout, ils ont la possibilité de sortir quand ils veulent, Et donc d'être confrontés à leurs désirs, leurs erreurs, leurs égarements, leurs soucis extérieurs.
Des préoccupations qui vont durer jusqu'à la dernière saison, celle qui, après une ellipse, nous montre la première année des jeunes prêtres après leur ordination. Là aussi, c'est la confrontation avec le réel, avec un monde qui n'accepte pas aussi facilement qu'eux la vie spirituelle (ou qui n'a pas autant de temps à y consacrer).
C'est exactement la même perspective qui est employée pour parler de l’Église catholique dans son ensemble. Car la série ne se contente pas de nous faire suivre des cas particuliers, elle s'attache aussi à un portrait d'une Église confrontée aux défis du monde contemporain. Un Église administrée comme une entreprise, avec ses problèmes budgétaires, ses réductions d'effectifs, ses campagnes de communication.
Une Église aussi avec sa politique. Les scènes qui se déroule en pleine Curie Romaine montrent que le Vatican n'a rien à envier aux gouvernements des autres pays. Intrigues de palais, luttes de pouvoir, conseillers de l'ombre et éminences grises, tout y est présent.
La première saison est remarquable. Subtile, juste, évitant toute caricature et nous offrant, en prime, un duel passionnant entre Jean-Luc Bideau et Michel Duchaussoy, c'est une entrée fracassante...
… qui ne tiendra, hélas, pas toutes ses promesses. La qualité va se dégrader petit à petit. Rien de catastrophique, et la série reste facilement regardable, jamais ennuyeuse, mais plus caricaturale dans les ultimes épisodes, avec plus de facilités de scénario. L'arrivée de Jacques Bonnaffé dans la deuxième saison est une très bonne nouvelle.
L'ensemble vaut largement la peine d'être vu, ne serait-ce que pour l'originalité du sujet et les questions qui sont posées sur la foi et la force de la spiritualité face aux défis d'un monde laïcisé et matérialiste.