Alex Hugo, c’est un peu comme si Columbo troquait son imperméable pour un sac à dos et partait résoudre des crimes entre deux randonnées alpines. Le concept de départ est rafraîchissant : Alex Hugo, ex-flic marseillais (interprété par Samuel Le Bihan), a quitté la violence urbaine pour devenir policier municipal dans un petit village des Alpes. Le cadre est sublime, les montagnes à perte de vue, la nature sauvage… on est à deux doigts de sentir l’air frais de la montagne à travers l’écran. Mais voilà, même dans ce paradis, les ennuis finissent toujours par grimper au sommet.
Le charme de la série réside sans doute dans cette ambiance bucolique où la tranquillité apparente cache des drames enfouis. Alex Hugo, avec son look de baroudeur contemplatif, est un personnage intéressant : un homme en quête de paix intérieure, qui fuit la brutalité du monde pour se reconnecter avec la nature. Mais voilà, même en pleine montagne, les cadavres finissent par apparaître sous les sapins. Et c’est là que la série tente de mélanger le polar et la méditation. Malheureusement, cet équilibre est plus difficile à trouver que le chemin vers le sommet du Mont Blanc.
Si tu espérais une série policière haletante à la Broadchurch ou à la Spiral, tu risques d’être un peu déçu. Alex Hugo prend son temps. Beaucoup de temps. Les enquêtes avancent au rythme d’une randonnée dominicale, avec des pauses fréquentes pour admirer les paysages et écouter le vent dans les arbres. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais pour un polar, l’intrigue souffre parfois de cette lenteur. Les meurtres semblent souvent secondaires par rapport aux longues balades en pleine nature et aux moments introspectifs d’Alex.
Le personnage d'Alex Hugo est sympathique, mais il finit par devenir un peu trop monolithique. Son côté bourru mais bienveillant, son amour de la solitude, et son rejet du monde moderne sont des traits intéressants… pendant un moment. Mais à la longue, on a un peu l’impression de voir un héros figé, comme si les montagnes avaient aussi gelé son développement personnel. Certes, il est profondément humain, mais il manque parfois d’un peu de relief pour vraiment captiver. En gros, Alex c’est un peu l’ermite cool de la montagne, mais sans les surprises.
Les intrigues policières, elles, sont un peu inégales. Parfois, tu as droit à un meurtre mystérieux qui te tient en haleine, et à d’autres moments, l’enquête est tellement classique que tu te demandes si ce n’est pas juste un prétexte pour montrer encore un peu plus de montagnes. Les coupables sont souvent un peu trop faciles à deviner, et la tension retombe vite. C’est comme si la série voulait ménager ses spectateurs en leur offrant une enquête policière tranquille, sans trop de prises de tête.
Côté visuel, rien à redire. Alex Hugo est une véritable carte postale grandeur nature. Les Alpes françaises sont magnifiques, et chaque plan semble conçu pour te donner envie de quitter la ville et d’aller faire une retraite spirituelle dans un chalet. Si tu es fan de belles images et que tu aimes les séries qui prennent le temps de respirer, alors Alex Hugo est un régal pour les yeux. Mais si tu es là pour du suspense haletant, tu risques de trouver les paysages plus intéressants que l’intrigue.
Les personnages secondaires apportent un peu de variété, notamment Angelo (Lionnel Astier), le fidèle collègue d’Alex, qui apporte un contraste plus terre-à-terre et humoristique. Mais même avec cette dynamique, on reste souvent dans un registre très sage, sans grands éclats ni véritables confrontations. Les relations entre les personnages manquent parfois de piquant, et on se surprend à espérer qu’un ours sauvage débarque pour secouer un peu les choses.
En résumé, Alex Hugo est une série qui fait le pari de la lenteur et de la contemplation, en mêlant polar et escapade en pleine nature. Si tu cherches une série où tu peux t’évader dans les montagnes avec un héros tranquille, loin des courses-poursuites et des fusillades, alors cette série est faite pour toi. Mais si tu es en quête d’un polar nerveux avec des twists à gogo, Alex Hugo te laissera sur le bas-côté, contemplant une montagne majestueuse… mais sans grand frisson.